Pour moi, les Castlevania "vieille génération" ont une ambiance plutôt heroic-fantasy, mais légère dans le ton et le design. Cela fait très BD, et même plutôt "manga" (logique). Même si le parti pris de base, une famille qui de générations en générations affronte Dracula est sur le papier assez sombre, la série ne s'est jamais prise au sérieux et s'est permise pas mal de fantaisies. On pouvait battre des squelettes pirates, des boss qui empruntaient à absolument n'importe quelles mythologies ou légendes, sans réelle cohérence, juste pour le plaisir du fun et de la variété.
Les Lords of Shadow, en revanche, ont tendance à surfer sur les modes occidentales des mythes vampiriques, c'est-à-dire qu'ils sont beaucoup plus sombres et "sérieux" dans l'approche. Ils tentent de fournir une histoire élaborée sur un synopsis qui, avouons-le, ne s'y prête pas vraiment. On se retrouve du coup avec des choses auxquelles on a du mal à croire (Dracula qui se dresse contre Lucifer ?? Allons bon...). Tu me diras que c'est léger et que, du coup, cela rejoint la nonchalence des premiers Castlevania ? C'est là que le bât blesse : à se vouloir sérieux dans la narration, l'ambiance, et la démarche, les Lords of Shadow semblent avoir le cul entre 2 chaises et cette légèreté s'insère mal dans la globalité de l'aventure.
Et on voit que ce "sérieux" dans l'univers dépeint et le design entrave grandement l'imagination des développeurs. Proposer un environnement urbain ou des monstres étranges voire débiles, les anciens Castlevania pouvaient se le permettre puisqu'ils fournissaient un patchwork de mythologies qui n'avaient que pour but de fournir des niveaux variés avant l'affrontement avec Dracula. On avait ainsi la traditionnelle tour de l'horloge, mais aussi des excursions dans des tableaux (Portrait of Ruin), des pyramides, des grottes de feu avec des démons portant des cuillères enflammées (Symphony of Night), ou même dans des faramineux trésors de pirates (Super Castlevania 4). Dans les LOS, le parti pris de proposer quelque chose de crédible et "sérieux" empêche ce genre de petits délires. Et même si les développeurs s'en sont donné à coeur joie pour proposer des environnements variés dans le premier épisode, on sent qu'ils ont fait le tour de ce qu'ils pouvaient se permettre de faire. Regarde dans l'épisode 2 : les niveaux en pleine "révolution industrielle" ne passent pas du tout. Et pourtant, je reste convaincu que ce genre d'étrangeté serait bien passé dans les anciens Castlevania (après tout, dans le New Generations sur Megadrive, on avait un niveau en plein dans un bunker nazi et cela fonctionnait très bien).