Les jeux vidéos adorent s’inspirer des comics, avec plus ou moins de réussite. Hormis les habituels héros de Marvel, d’autres ont aussi connu leur heure de gloire sur consoles, et c’est le cas de Bucky’O Hare.
Bucky O’Hare, je suis quasi sûre que ce nom ne vous dit pas grand chose… Un jeune fermier irlandais qui se découvre de nouveaux pouvoirs pour sauver le monde ? Loupé ! Non, c’est un méga super lapin vert (?!), sachant fort bien manier le pistolet, et parcourant l’espace intersidéral avec les Animaux Unis pour contrer les velléités de l’Empire Krapo, composé de… crapauds et de vaisseaux en forme de crapauds aussi !
Dans ce petit monde tranquillement en guerre, le chef des crapauds kidnappe les acolytes de Bucky, les éparpille sur quatre planètes, et c’est au héros de l’espace de les sauver… Voilà pour le scénario, classique, sauf qu’une fois ses amis sauvés, le jeu ne s’arrête pas là…
On pourrait croire à première vue qu’on a droit à un jeu de plates-formes des plus classiques : un bouton pour tirer, un bouton pour sauter. Sauf qu’on peut aussi laisser le bouton de tir appuyé pour utiliser un super pouvoir. Sachant qu’en plus de Bucky, les quatre personnages qu’on libère au cours du jeu deviennent des persos jouables, avec chacun son propre tir et sa propre habilité : Bucky saute plus haut, Deadeye s’accroche aux murs, Blinky peut voler, etc…
La maniabilité est vraiment parfaite, le gameplay s’apprivoise rapidement et on sent que Konami a pensé à plein de petits détails qui changent tout : les tirs traversent les murs (peu réaliste mais c’est tellement jouissif de tirer sur les ennemis bien caché derrière le décor), on peut tirer en l’air ou vers le bas, et même en étant accroupi. De telles possibilités sont plutôt rares sur les consoles 8 bits, et il fallait bien ça pour ce jeu de tir au crapaud !
Le jeu se divise en cinq niveaux : les quatre planètes du début où il faut libérer nos amis, puis le vaisseau ennemi. On se dit que c’est encore un énième jeu Nes qu’on va torcher en une heure. Et bien, pas du tout ! Chaque monde se divise en sept ou huit actes, et le dernier niveau, d’une difficulté extrême, en rajoute une couche puisqu’il se divise en 4 ou 5 sous-parties, elles-mêmes divisées en actes… Un vrai jeu pour hardcore gamers !
Mais toute la force de Bucky O’Hare réside dans son originalité : on ne s’y ennuie jamais et le jeu nous surprend sans arrêt. Konami a su puiser dans toutes ses ressources pour nous placer dans ce jeu des phases de gameplay bien innovantes et qui ne ressemble en rien au niveau ou à l’acte précédent. On va se retrouver sur des wagons roulant à toute bringue parmi des pics ; au milieu de coulées de lave qui nous poursuivent pour transformer Bucky en lapin à la moutarde ; dans le noir avec comme seule aide des lucioles pour apercevoir les plates-formes ; sur des blocs qui apparaissent et disparaissent, véritable clin d’œil à Megaman ; ou encore aux commandes d’un vaisseau où il faut tirer sur tout ce qui bouge tout en évitant de s’empaler contre les murs…
Bref, Bucky O’Hare n’est pas seulement un jeu de plates-formes simple et ennuyeux, non, c’est un jeu complet, avec un scrolling dans tous les sens, qui vous surprendra du début à la fin !
Si seulement il n’y avait que le gameplay… Mais ce jeu a toutes les qualités ! La réalisation technique est superbe. Normal pour un jeu de 1992 me direz-vous, mais certaines prouesses sont à souligner, notamment la vitesse de défilement pendant les parties de shoot’em up et celle sur le wagon, sans aucun ralentissement ou clignotement. Ce jeu pourrait donner une leçon à certains opus 16 bits !
Enfin, la difficulté en rebutera peut-être certains, avec quelques passages ardus, mais on peut dire qu’elle est bien dosée, car cela ne se corse vraiment que dans le dernier monde. Heureusement les passwords sont là, les continues infinis aussi, et à chaque vie perdue ou game over, on recommence au début du tableau. Les boss sont plutôt difficiles, même si en soi la technique une fois trouvée paraît simple, mais c’est un travail de longue haleine que de les exterminer. Et là aussi, on a droit à des boss originaux, peu répétitifs, et on remarquera bien évidemment le clin d’oeil à R-Type avec le boss-vaisseau-niveau.
Bref, je dois avouer que ce jeu fut pour moi une très bonne surprise, je ne m’attendais pas à découvrir une telle bombe sous ce nom bizarre, et ce jeu méconnu mérite d’être testé et apprécié à sa juste valeur !!!