J'ouvre ce sujet qui, je l'espère, va alimenter un débat qui m'intéresse assez. J'ai en effet eu l'opportunité, aujourd'hui même, de pratiquer une petite "expérience" avec un jeune enfant... et un vieux jeu vidéo. Explications, et surtout mise en place du contexte de cette épopée...
Si vous m'avez suivi dernièrement sur le topic intitulé "Les cadeaux que VOUS offrez à Noël", vous connaitrez l'épisode de "La guitare à 130 euros"...
Non ?
Je récapitule très rapidement les faits. Ma femme a décidé d'offrir au fils de son frère, âgé de 8 ans et demi, une guitare de gaucher avec la housse pour un total de 130 euros. Une petite somme rondelette qui m'a fait un peu grincer des dents surtout que le gamin ne me semblait pas non plus être un grand passionné de musique. Alors, était-ce une petit lubie d'enfant ? Un caprice de papa qui veut voir son fils réussir ? Peu importe finalement, toujours est-il que je guettais sacrément au tournant la réaction du gamin lorsqu'il allait déballer son cadeau.
Et là vous me dites : "Quel rapport avec le titre du topic ?". Patience Ô public hagard, j'y arrive doucement.
Le soir S, le neveu déballe donc la fameuse gratte. Moi, je scrute. Et je vois un enfant un peu hébété, le sourire innocent, se demandant un peu ce qu'il va faire de cela. Pas de "Ouaaaaaiss", pas d'exultation à la "Nintendôôôôôôô sixtyyyyyy fooouuuuuuuurrrr !!!!". Non. Juste un enfant qui a un cadeau qui lui fait peut-être plaisir... mais ne le branche pas plus que ça.
Ca commence bien.
Donc le gamin grattouille un peu les cordes, mais sans grande conviction... et ira vitevitevite essayer le SENSATIONNEL Pokemon Soleil qu'il a eu dans ses autres paquets ; un enfant reste un enfant. Bref, à ce moment-là, je sais déjà que ce n'est pas un futur guitariste. Et ce n'est pas le père avec son "Il faudra que tu prennes des cours cette année, hein !" qui me rassurera.
Le lendemain le petiot s'essaye à nouveau, un petit peu, à la guitare. J'observe, derechef.
Au bout de 2 minutes : j'y arrive pas, c'est difficile, ça fait pas les sons des musiciens, et puis ça fait mal aux doigts. Volonté d'abandon manifeste, papa qui tente d'expliquer qu'il faut s'entrainer et que ce n'est pas facile, mais un gamin aussi motivé pour apprendre que moi pour dire du bien de Carole Quintaine.
Je demande alors ce qu'il aime comme musiques, ce qu'il écoute, s'il a des préférences quoi. Son père me répondra "Oooh, il écoute pas énormément la musique pour l'instant, il a pas de préférences".
...
Putain, mais pourquoi on lui offre une gratte, alors ??????!!!!!!!
Cet épisode, avec quelques expériences sur les jeux Wii U où l'enfant aura montré des signes de désintérêt dès le moindre obstacle un petit peu brut, commence à me faire percevoir le degré de persévérance du gamin. Qui n'est pas loin d'avoisiner, hélas, le zéro.
Et le lendemain de ce lendemain, c'est-à-dire le surlendemain pour ceux qui suivent, je déciderai de "tester" cette persévérance, et de tester par la même occasion l'éducation du père. Hé oui, on y arrive enfin au sujet du topic. Pour la peine, seconde partie de l'aventure, délimitée par de jolis pointillés trop classieux.
----------------------------------------
Lors de l'apéro, puisque son gosse regarde un longplay de Mario Odyssey qu'il ne possède pas, je m'interroge sur l'intérêt de ce genre de pratiques. Je lui dis que si un jour on lui offre, on ne sait jamais, il se gâche toute la surprise car il connaitra tous les passages du jeu. Lui me répond qu'il ne se souviendra pas de tout.
Je rétorque alors en engageant un sujet de débat, en disant que dorénavant les jeux vidéo ne sont de toutes manières plus réellement des "jeux", dans le sens ou la notion de perdre est escamotée voire même purement supprimée. Il ne faut plus frustrer les joueurs, il faut donner la possibilité de finir rapidement un jeu pour en acheter un autre. Les enfants vont voir un longplay, une soluce, et n'ont plus la satisfaction de la victoire. Ils se contentent de jouer passivement, quand ils ne regardent pas comme dans le cas présent une simple vidéo. Par conséquent, ils n'apprennent pas la... la.. ??? La persévérance, bravo !!!
Et là, boum, vous voyez de quelle manière trop géniale j'amène le sujet central de ce débat !
Son gosse est donc fan de Mario. Il a les jeux sur 3DS, les jeux sur la Wii U, Mario Kart 8 et tout le toutim. Et germe alors en moi une machiavélique petite idée, poussant malicieusement jusqu'à devenir la fleur d'une occasion trop belle pour la laisser passer, foi de jardinier.
Je lui propose donc d'essayer un "jeu de mon époque", un Mario. Là, tout de suite, ça l'intéresse. Bien plus qu'une gratte à 130 balles, c'est fou. Le titre en question ? Super Mario World sur la SNES : pas non plus un parangon de difficulté, on sera d'accord. Mais je veux voir jusqu'où il ira. Je veux voir ce qu'il se passera quand il perdra sa première vie. Je veux voir son opiniâtreté, son mordant, sa persévérance.
Je branche donc la vieille dame grise de Nintendo. Enfin non, la SNES Mini, mais ça faisait moins classe à l'écrit.
Premier niveau. Le gamin avance comme il peut. Il se fait toucher quelques fois. J'ai beau lui dire qu'il faut souvent garder le bouton "vert" enfoncé pour courir, il ne le fera pas : c'est difficile d'appuyer sur 2 boutons en même temps. Soit. Il finira quand même ce premier stage, un peu dans la douleur. Heureusement qu'il y a quelques champignons sur le chemin.
Deuxième niveau. Avec les dinosaures qu'il faut toucher 2 fois, et les plate-formes "accordéon" au-dessus du vide. Plouf ! Une vie de perdue. Allez, on recommence au début du stage. Poum, on se fait toucher, 2ème vie de perdue, et........
ABANDON.
Oui, éponge jetée à la 2ème vie perdue sur Super Mario World !!!! Au 2ème niveau !!!
Il ne voudra pas continuer. Il ne voudra pas même essayer un des autres jeux sur la SNES Mini. Je propose Super Punch Out avec ce bon vieux sac français de Gabby Jay ? "J'aime pas les jeux de boxe", geindra-t-il. Je me demande bien, par ailleurs, quels sont les autres jeux de boxe qu'il aura pu essayer avant celui-là. Enfin bon, excuse d'enfant, rien de plus. "Je préfère ceux sur 3DS", et il s'en ira du canapé pour retourner sur sa portable, là où il ne perd pas.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais j'aime me poser en savant fou sadique poursuivant ses expériences sur les pauvres petits enfants innocents, nyêrk nyêrk nyêrk !
Le gamin me demande quelques temps après si on peut faire un jeu Wii U, un jeu à deux parce que c'est mieux. Ok. La veille, il a fait Mario Kart 8, qu'il possède chez lui et qu'il aime bien. Mais c'était avec Tata ou Papa. Et c'était sur le 50cc, parce qu'il faut pas trop le brusquer le pauvre choupinou.
Moi, déjà que ça commence un peu à m'ennuyer de devoir céder à tous ses caprices ("On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ?"... Bref, vous voyez le topo), je lui dis qu'on joue en 100cc parce que sinon je vais m'ennuyer. Je lui laisse choisir sa coupe et... c'est partiiiiii !!!
Oh bah ça demande un peu plus de concentration, dis donc ! Bon, moi j'arriverai premier à chaque course de la coupe (logique
), lui finira à chaque fois bon dernier. Aaaah, oui, c'est pas pareil que le 50cc où tu finis dans les 3 premiers même en tondant toute la pelouse du circuit ! Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Allez, je suis sûr que vous pouvez deviner. Un indice ? Un mot écrit en gros et en gras dans mon texte. A... A... ??? Bingo !
ABANDON.
"C'est pas bien en 100cc, moi j'aime le 50cc, ouin ouin". Ah oui, mais là maintenant on va aller manger, dommage. J'essaierai de lui dire qu'il faut persévérer un petit peu et ne pas abandonner dès qu'on perd. Et le père, derrière, que va-t-il dire, mmm. Allez, petit dialogue rapide entre moi et le "papounet" :
- Non mais tu lui mets le mode Difficile, normal qu'il perde. Faut que tu lui mettes le mode Normal en 50cc.
- Heuuu... Non. Le mode Normal, c'est le mode 100cc. Le 50cc, c'est le mode Facile...
- Non mais T*** (je change ici le nom du gosse pour qu'on ne le reconnaisse pas), c'est normal si tu perds. Tonton il joue beaucoup aux jeux vidéo, il a l'habitude, il en fait beaucoup.
Peut-être, il y a du vrai dans la conclusion. N'empêche qu'à aucun moment le père n'aura essayé d'inculquer à son fils d'accepter l'échec... et surtout de persévérer pour l'éviter.
J'ai là un enfant qui :
1) a abandonné sa guitare après 4 grattouillis sur les cordes.
2) a abandonné Super Mario World après 2 vies perdues dessus.
3) a abandonné Mario Kart 8 après 4 courses parce qu'il finissait dans les derniers.
Et encore, je vous épargne les rapides épisodes sur Rayman Legends et Donkey Kong Country Tropical Freeze où, bien que l'on jouait à deux, il voulait s'arrêter à la première vie perdue après 10 minutes de jeu. Heureusement que j'ai un peu "gueulé" en disant qu'on allait pas changer de jeu toutes les 2 minutes, et qu'on allait un peu continuer, hein... C'est vrai quoi, bordel de merde aussi !
Oh et Captain Toad ça sera pareil : c'est trop difficile de tourner la caméra. Premier niveau passé dans la douleur, 2ème niveau on y arrive pas. Hop, abandon !
-----------------------------------
Alors je n'ai pas d'enfant moi-même. Pas encore, du moins. Et donc je ne sais pas ce que tout le monde en pensera ici, et c'est pour ça que je pense que le débat risque d'être intéressant.
Mais moi, je me rappelle jouer à 8 ans et demi à Sorcery+ sur Amstrad. Et en chier, en chier, en chier, mais le terminer (enfin, la première partie de l'aventure, la seconde je n'y comprenais rien).
Billy la Banlieue 2, torché. Prohibition, terminé. Ghost 'n' Goblins, Sram 1 et 2, Way of the Tiger, Saboteur : tous achevés dans la douleur et la persévérance. Et j'en passe, des dizaines de dizaines. Sans compter les jeux de la génération 16bits, que j'exclus un peu étant donné que j'étais alors un peu plus âgé (10-11 ans aux débuts de la console).
Je n'avais pas le choix, de toutes manières. Pas de soluce, pas de cheat codes, pas d'Internet. Juste la persévérance et le "skill" qui s'améliorait progressivement, rien d'autre.
Mes interrogations sont donc multiples. Déjà, est-ce moi qui exagère un peu ? Est-ce que vos enfants, s'ils sont âgés d'environ le même âge, sont aussi peu enclins à accepter l'échec et à continuer la partie qu'ils ont entamée sur un jeu ?
Mais surtout, vous les parents, comment réagissez-vous ? Est-ce que vous chouchoutez vos jolies têtes blondes, ou bien est-ce que vous les "forcez" un petit peu à continuer, à ne pas se rabattre sur le "New Super Mario Bros 2" de la 3DS où l'on ramasse des quintaux de pièces sans pouvoir perdre, à ne pas quitter après 10 minutes de jeu au premier obstacle récalcitrant rencontré ?
Comment cela se passe-t-il quand vous jouez à deux ensemble ? faites-vous en sorte que votre enfant trouve la solution de lui-même ? L'aidez-vous un peu... ou bien lui mâchez-vous tout le travail ? Considérez-vous que le jeu vidéo peut être un bon moyen d'enseigner la valeur de persévérance à un enfant ?
Pour ma part, en ne considérant pas seulement cet épisode sur les jeux vidéo avec mon neveu, j'ai eu le net sentiment d'avoir en face de moi un gamin couvé par son père, un enfant qu'il ne faut surtout pas brusquer ni sortir de sa zone de confort. Un enfant qui ne risque pas d'apprendre grand chose, car on ne le pousse jamais à se surpasser, à aller toujours "un petit peu plus loin qu'avant", et cela même si cela nécessite de réessayer plusieurs fois.
Pour info, le gosse est très collé à son père. trop collé à nous aussi. Il n'a pas l'air d'être "indépendant" dans ses loisirs, il ne peut jamais se retrouver seul et décider de faire un jeu quelconque ou, pourquoi pas, de se trouver d'autres loisirs comme la lecture, le dessin..
... ou la musique. Mais pourquoi une gratte à 130 euros, putain ????!!!!!!
Il faut toujours qu'il y ait un adulte derrière lui, sinon il ne fera rien. Petit témoignage rapide pour donner un exemple :
Il y a environ 2-3 ans, le père et le fils étaient déjà venus nous rendre visite et nous étions tous allés dans un parc avec une aire de jeux. L'enfant était donc âgé d'environ 6 ans. Le père en profite pour se fumer une clope, et demande à son fils d'aller jouer. Il y avait toute une ribambelle de bambins sur l'aire de jeux, des gamins de l'âge de T***. Hé ben le gosse regardait son père, de ce regard qui voulait dire "Papa, tu viens jouer avec moi ?" ou "Papa, regarde-moi"... et il n'osait pas aller à la rencontre des autres enfants de son âge. Je vous jure, j'ai trouvé ça vraiment triste à voir, ça faisait de la peine.
Et si vous vous dites que ça a pu changer depuis... bah non. Nous sommes allés avant-hier au marché de Noël de Colmar. Là-bas siégeait un beau petit manège, une chenille style "grand huit tout doux" pour les enfants. On accompagne donc T*** pour faire un tour : son père, ma femme, et moi. Le manège terminé, il reste un ticket. Son père lui demande alors s'il veut y aller tout seul.... Hé bah non, il osera pas alors que le manège est accessible dès 4 ans. Il faudra aller retirer de l'argent pour que ma femme l'accompagne.
Vous le voyez donc, il y a là à mon avis un gros souci d'éducation, un souci que les jeux vidéo rétros m'ont permis (entre autres) de réellement mettre à jour.
Encore une fois je ne suis pas un père. On me dira, sans doute avec un fond de vérité, que ce n'est pas un boulot facile et qu'il est très facile de critiquer quand on ne sait pas comment ça se passe.
Mais justement, comme je vous l'ai indiqué avec mes questions, je suis curieux d'avoir votre avis sur tout ça et d'avoir un peu vos témoignages, vos conseils d'éducation, et de raconter comment vous abordez les jeux vidéo avec vos enfants.
Après tout, cela pourra bien m'aider et me mettre sur la voie quand, moi aussi, je me déciderai à avoir une progéniture !
Si vous m'avez suivi dernièrement sur le topic intitulé "Les cadeaux que VOUS offrez à Noël", vous connaitrez l'épisode de "La guitare à 130 euros"...
Non ?
Je récapitule très rapidement les faits. Ma femme a décidé d'offrir au fils de son frère, âgé de 8 ans et demi, une guitare de gaucher avec la housse pour un total de 130 euros. Une petite somme rondelette qui m'a fait un peu grincer des dents surtout que le gamin ne me semblait pas non plus être un grand passionné de musique. Alors, était-ce une petit lubie d'enfant ? Un caprice de papa qui veut voir son fils réussir ? Peu importe finalement, toujours est-il que je guettais sacrément au tournant la réaction du gamin lorsqu'il allait déballer son cadeau.
Et là vous me dites : "Quel rapport avec le titre du topic ?". Patience Ô public hagard, j'y arrive doucement.
Le soir S, le neveu déballe donc la fameuse gratte. Moi, je scrute. Et je vois un enfant un peu hébété, le sourire innocent, se demandant un peu ce qu'il va faire de cela. Pas de "Ouaaaaaiss", pas d'exultation à la "Nintendôôôôôôô sixtyyyyyy fooouuuuuuuurrrr !!!!". Non. Juste un enfant qui a un cadeau qui lui fait peut-être plaisir... mais ne le branche pas plus que ça.
Ca commence bien.
Donc le gamin grattouille un peu les cordes, mais sans grande conviction... et ira vitevitevite essayer le SENSATIONNEL Pokemon Soleil qu'il a eu dans ses autres paquets ; un enfant reste un enfant. Bref, à ce moment-là, je sais déjà que ce n'est pas un futur guitariste. Et ce n'est pas le père avec son "Il faudra que tu prennes des cours cette année, hein !" qui me rassurera.
Le lendemain le petiot s'essaye à nouveau, un petit peu, à la guitare. J'observe, derechef.
Au bout de 2 minutes : j'y arrive pas, c'est difficile, ça fait pas les sons des musiciens, et puis ça fait mal aux doigts. Volonté d'abandon manifeste, papa qui tente d'expliquer qu'il faut s'entrainer et que ce n'est pas facile, mais un gamin aussi motivé pour apprendre que moi pour dire du bien de Carole Quintaine.
Je demande alors ce qu'il aime comme musiques, ce qu'il écoute, s'il a des préférences quoi. Son père me répondra "Oooh, il écoute pas énormément la musique pour l'instant, il a pas de préférences".
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Putain, mais pourquoi on lui offre une gratte, alors ??????!!!!!!!



Cet épisode, avec quelques expériences sur les jeux Wii U où l'enfant aura montré des signes de désintérêt dès le moindre obstacle un petit peu brut, commence à me faire percevoir le degré de persévérance du gamin. Qui n'est pas loin d'avoisiner, hélas, le zéro.
Et le lendemain de ce lendemain, c'est-à-dire le surlendemain pour ceux qui suivent, je déciderai de "tester" cette persévérance, et de tester par la même occasion l'éducation du père. Hé oui, on y arrive enfin au sujet du topic. Pour la peine, seconde partie de l'aventure, délimitée par de jolis pointillés trop classieux.
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Lors de l'apéro, puisque son gosse regarde un longplay de Mario Odyssey qu'il ne possède pas, je m'interroge sur l'intérêt de ce genre de pratiques. Je lui dis que si un jour on lui offre, on ne sait jamais, il se gâche toute la surprise car il connaitra tous les passages du jeu. Lui me répond qu'il ne se souviendra pas de tout.
Je rétorque alors en engageant un sujet de débat, en disant que dorénavant les jeux vidéo ne sont de toutes manières plus réellement des "jeux", dans le sens ou la notion de perdre est escamotée voire même purement supprimée. Il ne faut plus frustrer les joueurs, il faut donner la possibilité de finir rapidement un jeu pour en acheter un autre. Les enfants vont voir un longplay, une soluce, et n'ont plus la satisfaction de la victoire. Ils se contentent de jouer passivement, quand ils ne regardent pas comme dans le cas présent une simple vidéo. Par conséquent, ils n'apprennent pas la... la.. ??? La persévérance, bravo !!!
Et là, boum, vous voyez de quelle manière trop géniale j'amène le sujet central de ce débat !
Son gosse est donc fan de Mario. Il a les jeux sur 3DS, les jeux sur la Wii U, Mario Kart 8 et tout le toutim. Et germe alors en moi une machiavélique petite idée, poussant malicieusement jusqu'à devenir la fleur d'une occasion trop belle pour la laisser passer, foi de jardinier.
Je lui propose donc d'essayer un "jeu de mon époque", un Mario. Là, tout de suite, ça l'intéresse. Bien plus qu'une gratte à 130 balles, c'est fou. Le titre en question ? Super Mario World sur la SNES : pas non plus un parangon de difficulté, on sera d'accord. Mais je veux voir jusqu'où il ira. Je veux voir ce qu'il se passera quand il perdra sa première vie. Je veux voir son opiniâtreté, son mordant, sa persévérance.
Je branche donc la vieille dame grise de Nintendo. Enfin non, la SNES Mini, mais ça faisait moins classe à l'écrit.
Premier niveau. Le gamin avance comme il peut. Il se fait toucher quelques fois. J'ai beau lui dire qu'il faut souvent garder le bouton "vert" enfoncé pour courir, il ne le fera pas : c'est difficile d'appuyer sur 2 boutons en même temps. Soit. Il finira quand même ce premier stage, un peu dans la douleur. Heureusement qu'il y a quelques champignons sur le chemin.
Deuxième niveau. Avec les dinosaures qu'il faut toucher 2 fois, et les plate-formes "accordéon" au-dessus du vide. Plouf ! Une vie de perdue. Allez, on recommence au début du stage. Poum, on se fait toucher, 2ème vie de perdue, et........
ABANDON.
Oui, éponge jetée à la 2ème vie perdue sur Super Mario World !!!! Au 2ème niveau !!!
Il ne voudra pas continuer. Il ne voudra pas même essayer un des autres jeux sur la SNES Mini. Je propose Super Punch Out avec ce bon vieux sac français de Gabby Jay ? "J'aime pas les jeux de boxe", geindra-t-il. Je me demande bien, par ailleurs, quels sont les autres jeux de boxe qu'il aura pu essayer avant celui-là. Enfin bon, excuse d'enfant, rien de plus. "Je préfère ceux sur 3DS", et il s'en ira du canapé pour retourner sur sa portable, là où il ne perd pas.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais j'aime me poser en savant fou sadique poursuivant ses expériences sur les pauvres petits enfants innocents, nyêrk nyêrk nyêrk !
Le gamin me demande quelques temps après si on peut faire un jeu Wii U, un jeu à deux parce que c'est mieux. Ok. La veille, il a fait Mario Kart 8, qu'il possède chez lui et qu'il aime bien. Mais c'était avec Tata ou Papa. Et c'était sur le 50cc, parce qu'il faut pas trop le brusquer le pauvre choupinou.
Moi, déjà que ça commence un peu à m'ennuyer de devoir céder à tous ses caprices ("On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ? On joue ?"... Bref, vous voyez le topo), je lui dis qu'on joue en 100cc parce que sinon je vais m'ennuyer. Je lui laisse choisir sa coupe et... c'est partiiiiii !!!
Oh bah ça demande un peu plus de concentration, dis donc ! Bon, moi j'arriverai premier à chaque course de la coupe (logique

ABANDON.
"C'est pas bien en 100cc, moi j'aime le 50cc, ouin ouin". Ah oui, mais là maintenant on va aller manger, dommage. J'essaierai de lui dire qu'il faut persévérer un petit peu et ne pas abandonner dès qu'on perd. Et le père, derrière, que va-t-il dire, mmm. Allez, petit dialogue rapide entre moi et le "papounet" :
- Non mais tu lui mets le mode Difficile, normal qu'il perde. Faut que tu lui mettes le mode Normal en 50cc.
- Heuuu... Non. Le mode Normal, c'est le mode 100cc. Le 50cc, c'est le mode Facile...
- Non mais T*** (je change ici le nom du gosse pour qu'on ne le reconnaisse pas), c'est normal si tu perds. Tonton il joue beaucoup aux jeux vidéo, il a l'habitude, il en fait beaucoup.
Peut-être, il y a du vrai dans la conclusion. N'empêche qu'à aucun moment le père n'aura essayé d'inculquer à son fils d'accepter l'échec... et surtout de persévérer pour l'éviter.
J'ai là un enfant qui :
1) a abandonné sa guitare après 4 grattouillis sur les cordes.
2) a abandonné Super Mario World après 2 vies perdues dessus.
3) a abandonné Mario Kart 8 après 4 courses parce qu'il finissait dans les derniers.
Et encore, je vous épargne les rapides épisodes sur Rayman Legends et Donkey Kong Country Tropical Freeze où, bien que l'on jouait à deux, il voulait s'arrêter à la première vie perdue après 10 minutes de jeu. Heureusement que j'ai un peu "gueulé" en disant qu'on allait pas changer de jeu toutes les 2 minutes, et qu'on allait un peu continuer, hein... C'est vrai quoi, bordel de merde aussi !
Oh et Captain Toad ça sera pareil : c'est trop difficile de tourner la caméra. Premier niveau passé dans la douleur, 2ème niveau on y arrive pas. Hop, abandon !
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Alors je n'ai pas d'enfant moi-même. Pas encore, du moins. Et donc je ne sais pas ce que tout le monde en pensera ici, et c'est pour ça que je pense que le débat risque d'être intéressant.
Mais moi, je me rappelle jouer à 8 ans et demi à Sorcery+ sur Amstrad. Et en chier, en chier, en chier, mais le terminer (enfin, la première partie de l'aventure, la seconde je n'y comprenais rien).
Billy la Banlieue 2, torché. Prohibition, terminé. Ghost 'n' Goblins, Sram 1 et 2, Way of the Tiger, Saboteur : tous achevés dans la douleur et la persévérance. Et j'en passe, des dizaines de dizaines. Sans compter les jeux de la génération 16bits, que j'exclus un peu étant donné que j'étais alors un peu plus âgé (10-11 ans aux débuts de la console).
Je n'avais pas le choix, de toutes manières. Pas de soluce, pas de cheat codes, pas d'Internet. Juste la persévérance et le "skill" qui s'améliorait progressivement, rien d'autre.
Mes interrogations sont donc multiples. Déjà, est-ce moi qui exagère un peu ? Est-ce que vos enfants, s'ils sont âgés d'environ le même âge, sont aussi peu enclins à accepter l'échec et à continuer la partie qu'ils ont entamée sur un jeu ?
Mais surtout, vous les parents, comment réagissez-vous ? Est-ce que vous chouchoutez vos jolies têtes blondes, ou bien est-ce que vous les "forcez" un petit peu à continuer, à ne pas se rabattre sur le "New Super Mario Bros 2" de la 3DS où l'on ramasse des quintaux de pièces sans pouvoir perdre, à ne pas quitter après 10 minutes de jeu au premier obstacle récalcitrant rencontré ?
Comment cela se passe-t-il quand vous jouez à deux ensemble ? faites-vous en sorte que votre enfant trouve la solution de lui-même ? L'aidez-vous un peu... ou bien lui mâchez-vous tout le travail ? Considérez-vous que le jeu vidéo peut être un bon moyen d'enseigner la valeur de persévérance à un enfant ?
Pour ma part, en ne considérant pas seulement cet épisode sur les jeux vidéo avec mon neveu, j'ai eu le net sentiment d'avoir en face de moi un gamin couvé par son père, un enfant qu'il ne faut surtout pas brusquer ni sortir de sa zone de confort. Un enfant qui ne risque pas d'apprendre grand chose, car on ne le pousse jamais à se surpasser, à aller toujours "un petit peu plus loin qu'avant", et cela même si cela nécessite de réessayer plusieurs fois.
Pour info, le gosse est très collé à son père. trop collé à nous aussi. Il n'a pas l'air d'être "indépendant" dans ses loisirs, il ne peut jamais se retrouver seul et décider de faire un jeu quelconque ou, pourquoi pas, de se trouver d'autres loisirs comme la lecture, le dessin..
... ou la musique. Mais pourquoi une gratte à 130 euros, putain ????!!!!!!



Il faut toujours qu'il y ait un adulte derrière lui, sinon il ne fera rien. Petit témoignage rapide pour donner un exemple :
Il y a environ 2-3 ans, le père et le fils étaient déjà venus nous rendre visite et nous étions tous allés dans un parc avec une aire de jeux. L'enfant était donc âgé d'environ 6 ans. Le père en profite pour se fumer une clope, et demande à son fils d'aller jouer. Il y avait toute une ribambelle de bambins sur l'aire de jeux, des gamins de l'âge de T***. Hé ben le gosse regardait son père, de ce regard qui voulait dire "Papa, tu viens jouer avec moi ?" ou "Papa, regarde-moi"... et il n'osait pas aller à la rencontre des autres enfants de son âge. Je vous jure, j'ai trouvé ça vraiment triste à voir, ça faisait de la peine.
Et si vous vous dites que ça a pu changer depuis... bah non. Nous sommes allés avant-hier au marché de Noël de Colmar. Là-bas siégeait un beau petit manège, une chenille style "grand huit tout doux" pour les enfants. On accompagne donc T*** pour faire un tour : son père, ma femme, et moi. Le manège terminé, il reste un ticket. Son père lui demande alors s'il veut y aller tout seul.... Hé bah non, il osera pas alors que le manège est accessible dès 4 ans. Il faudra aller retirer de l'argent pour que ma femme l'accompagne.
Vous le voyez donc, il y a là à mon avis un gros souci d'éducation, un souci que les jeux vidéo rétros m'ont permis (entre autres) de réellement mettre à jour.
Encore une fois je ne suis pas un père. On me dira, sans doute avec un fond de vérité, que ce n'est pas un boulot facile et qu'il est très facile de critiquer quand on ne sait pas comment ça se passe.
Mais justement, comme je vous l'ai indiqué avec mes questions, je suis curieux d'avoir votre avis sur tout ça et d'avoir un peu vos témoignages, vos conseils d'éducation, et de raconter comment vous abordez les jeux vidéo avec vos enfants.
Après tout, cela pourra bien m'aider et me mettre sur la voie quand, moi aussi, je me déciderai à avoir une progéniture !
