Comme vous le savez surement maintenant si vous avez lu nos différents tests sur cette série, Castlevania (Akumajô Dracula au Japon) est une série emblématique de Konami dont le premier épisode est sorti en 1986 sur NES et MSX.
Aujourd'hui nous nous attarderons sur un épisode un peu particulier, Castlevania Portrait of Ruin sorti sur Nintendo DS.
En 1997 Konami souhaitant donner un bon coup de jeune à sa série Castlevania, décide de lui faire prendre un grand tournant avec l'épisode Symphony of the Night. Cette série qui jusque là était connue pour son côté action plates-formes va connaitre des changements radicaux grâce en grande partie à l'intégration de nombreux éléments de RPG. De plus, ici plus question de "stages", vous voici dans un gigantesque donjon à explorer de font en comble afin de trouver divers artefacts vous permettant de poursuivre votre chemin au travers des différentes zones du château. Ce nouveau système de progression très similaire à un Metroid donnera d'ailleurs naissance à l'appellation "Metroidvania".
Jaquettes Castlevania Symphony of the Night
Au vu de l'énorme succès de cet épisode, Komani réitérera l'opération avec trois épisodes sur GameBoy Advance qui seront de grands succès. Par la suite, le studio japonais continuera de développer des épisodes similaires sur les portables de Nintendo dont trois épisodes sur Nintendo DS.
C'est donc le second épisode de la saga sortie sur Nintendo DS que nous vous proposons de découvrir aujourd'hui. Avant de commencer à parler du jeu en lui-même, il est important de préciser que ce jeu célèbre les 20 ans de la série et bien que les derniers épisodes aient une certaine ressemblance avec l'épisode Symphony of the Night, il faut avouer que les équipes de Kôji Igarashi nous ont offert jusque là des épisodes uniques avec chacun leur propre identité et des idées originales. Ce nouvel épisode de la série ne déroge pas à cette règle. Castlevania Portrait of Ruin est donc le second épisode de la trilogie ayant vu le jour sur Nintendo DS qui sorti le 16 novembre 2006 au Japon sous le nom d'Akumajou Dracula: Gallery of Labyrinth, puis le 5 décembre 2006 aux US et le 9 mars 2007 en Europe.
Jaquettes Jap et US
Pour cet épisode, l'équipe d'IGA a décidé de nous plonger au beau milieu des évènements de la Seconde Guerre Mondiale. N'ayez pas peur, point de Nazis en vue, la période sert avant tout à apporter de nouveaux personnages dans la chronologie de la série. Vous vous retrouverez donc aux commandes de deux personnages, Jonathan Morris qui n'est autre que le nouveau détenteur du Vampire Killer, fouet légendaire transmis de génération en génération au sein de la famille Belmont et Charlotte Aulin une amie d'enfance de Jonathan, passionnée de grimoire et de magie. Le nom de famille Morris ravivera surement des souvenirs aux plus mordus de la série puisque ce nom a déjà été évoqué dans Castlevania Bloodlines/New Generation, dans lequel vous jouiez avec John Morris qui n'est autre que le père de Jonathan.
Le scénario nous ramène donc durant de la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le château du comte Dracula ressurgit des ténèbres sans son maître. À la place, un peintre Vampire du nom de Brauner se sert des âmes des défunts morts durant la guerre pour accroitre son pouvoir. C'est donc devant les portes du château que nous retrouvons nos deux protagonistes près à en découdre avec le nouveau propriétaire des lieux.
L'histoire se révèle au fur à mesure de l'aventure assez travaillée et même plutôt sombre par rapport à ces prédécesseurs, ceci notamment dû à ses différentes fins. Beaucoup de rebondissements, de surprises et de clins d’œil aux autres opus attendent les joueurs dans ce nouvel épisode de Castlevania.
Quelques images de la scène d'introduction en animé
Au niveau de la réalisation il faut reconnaitre que Konami sait jouer avec la corde sensible des joueurs. Alors que quasiment tous les développeurs sortent des titres aux environnements 3D de très bonne qualité, le studio japonais lui continue à nous en mettre plein la rétine avec une 2D parfaitement maîtrisée et des décors gothiques extrêmement détaillés. Tantôt sombres, tantôt colorés, les divers lieux qui vous seront donnés de traverser vous étonneront, notamment de part leurs diversités, car ce Castlevania Portrait of Ruin ne se contentera pas de vous faire simplement visité le château de Dracula. Le vampire Brauner a en effet disséminé des toiles de peintures un peu partout dans le château, ces toiles servant de téléporteurs vers de nouveaux niveaux totalement différents, tels que l'Égypte, Londres, un cirque diabolique ou encore une ville détruite à l'abandon.
Ces nombreux environnements extérieurs donnent un souffle nouveau, loin de l'habituel château qu'il faut fouiller de font en comble. Mais ne vous détrompez pas, chaque décors est réalisé avec un soin particulier et le plus surprenant vient sans doute des arrières plans qui nous donnent souvent l'impression d'avoir été réalisés à la manière du style 'impressionniste' de Renoir ou Monet, ce qui prend finalement tout sont sens sachant que le jeu est basé sur la recherche et la traversée de tableaux pour continuer l'aventure. De plus, qui dit nouveaux environnements dit aussi nouveau bestiaire et les amoureux des sprites bien travaillés vont se régalé puisque ce nouvel épisode propose pas moins de cent cinquante-cinq ennemis avec pour tous des attaques aux animations très détaillées et même pour les plus puissants des attaques spéciales aux effets visuels très agréable.
Les tableaux servent de téléporteurs vers de nouveaux environnements.
Maintenant que l'on parle de sprites, voyons un peu ceux de nos héros. Jonathan et Charlotte ont des sprites très travaillés et colorés, un panel de mouvements et d'actions vraiment fluides, agréable à l’œil et des attaques spéciales vraiment spectaculaires. L'ambiance de la série est parfaitement retranscrite dans ce jeu, même si l'on peut fortement regretter le changement de design graphique des personnages pour cet épisode.
Car, oui vous avez dû le constater sur les images précédentes, la très talentueuse Ayami Kojima et ces artworks à l'ambiance horrifico-gothique sont absents de cet épisode et c'est extrêmement regrettable car son style si particulier colle pourtant parfaitement à cette série.
À la place, l'équipe d'Igarashi a fait appel à une personne totalement novice dans le domaine du jeu vidéo nommée Ryuichi Baba. Cette personne, normalement habituée au domaine du dessin animé japonais, s'est donc vu la lourde tâche de remplacer Ayami Kojima pour cet épisode.
Malheureusement malgré les efforts faits par M. Baba, le charac design des protagonistes de ce jeu est tout simplement atroce.
Commençons par le style en lui-même, Ryuichi nous sert un style manga très en vogue, mais surtout en totale inadéquation avec tout ce que la série un instauré jusqu'ici. Alors, oui on peut trouver surement des qualités à ce style/changement, mais ici les personnages sont simplifiés à l'extrême, contrairement au style gothique du jeu, qui lui fourmille de détails, leurs couleurs sont criardes alors que l'ambiance générale est sombre et n'oublions pas de parler du charisme proche de 0 de Jonathan et Charlotte...
Il est quand même navrant de voir que lors des dialogues, les illustrations sont d'une tristesse et d'un ennui mortel. On ne ressent aucune vie, pas la moindre énergie en lisant le scénario.
Et si nous ne parlons que pour le moment des héros de Castlevania Portrait of Ruin, n'allez pas imaginer que les autres personnages du jeu relève le niveau, car tout le charac design de cet épisode est à jeter, comme Death qui ferait plus rire que peur ou encore Dracula et sa Gomina qui lui fait reluire ses cheveux...
Le summum du ridicule doit surement venir des phases de dialogue lors desquelles Charlotte nous ponctue certaines phrases de tête "kawaï", avant d'aller lacérer des démons à coup de hache... Il est clair que c'est sur ce point que le jeu nous offre son plus beau fail, surtout qu'au vu des artworks proposés lors du développement du jeu, ce style manga aurait très bien pu faire l'affaire avec un minimum de travail et de cohérence avec l'univers du jeu !
Voilà ce à quoi l'on a eu droit... (petite préférence pour Death et sa collerette pour son torticolis...)
Des exemples d'illustrations présentées lors du développement.....
Et voilà que que l'on aurait pu avoir si Ayami Kojima avait travaillé sur le projet (images de Castlevania Harmony of Despair)
Passons au point le plus intéressant du jeu son gameplay. Puisque Komani nous a introduit deux nouveaux héros ce n'est donc pas un, mais deux personnages qui pourront être jouables simultanément. Vous aurez donc le choix d'incarner Jonathan armé de son Vampire killer, mais surtout de toute une panoplie d'armes et d'équipements dispersés tout le long de l'aventure, ou alors de switcher avec Charlotte. Celle-ci avec sa magie se révélera plus adéquate face aux monstres avec une faible défense contre la magie ou simplement pour attaquer à distance au vu de sa faible force physique.
Il est intéressant de noter la cohérence entre le scénario et la recherche de nouvelles armes pour Jonathan dans cet épisode, car comme le disait Kôji Igarashi lors d'une interview : "Le héros du jeu n'est pas issu de la famille Belmont, donc il ne peut pas utiliser le fouet comme le font les membres de cette famille ancestrale. Ainsi, il doit collecter des armes, parce que le fouet est inutile."
De plus, le game design a été conçu de façon à pouvoir utiliser le deux personnages ensemble afin de les faire combattre de concert face aux ennemis les plus coriaces. L'IA est d'ailleurs plutôt bonne et sa jauge de vie est représentée par votre barre de mana ce qui empêchera sa mort et vous permettra de refaire appel à votre équipier dès que vous récupérerez un peu de magie.
Le concept des deux héros jouables ne se limite pas qu'aux combats puisque l'équipe d'IGA a mit en place un level design plutôt bien pensé dans lequel il vous faudra réaliser quelques petites énigmes en duo afin de pouvoir poursuivre votre aventure dans le donjon. Sans oublier que vous aurez la possibilité d'utiliser des attaques spéciales dévastatrices en duo. Igarashi tenait particulièrement à faire de cet opus un épisode coopératif en hommage aux anciens Castlevania, notamment Castlevania III, son épisode préféré, mais en faisant passer la coopération vraiment en premier plan.
Bien entendu, vous retrouverez tous les éléments d'un bon RPG tel que le gain de niveau, l'achat de divers équipements et/ou potions, l'amélioration des armes secondaires, un système de quêtes secondaires, de l'exploration, de nouvelles attaques ultime, tout ce qui a fait le succès du genre "Metroidvania".
Seul petit bémol dans cette partie c'est le manque d'ambition pour mettre ce concept de coopération en avant, notamment les résolution d'énigmes en duo. En effet, hormis quelques objets à pousser à deux, un train à stopper ou deux trois énigmes à résoudre, le système d'exploration en duo se révèle vraiment pauvre et au final votre partenaire ne vous servira que lors des combats contre les boss.
Quelques exemples de possibilités en coopération.
Bien que le château principal du Comte Dracula soit plus petit que dans les autres opus, le soft se rattrape clairement grâce à son système de tableaux qui permet de vous téléporter dans d'autres environnements supplémentaire de taille très conséquente.
La difficulté du jeu, quant à elle a été revue à la baisse, pour ceux qui souhaiteraient finir le jeu en ligne droite, une vingtaine d'heures leur suffira. Cette décision de revoir la difficulté vient de de l'équipe d'Igarashi, celui-ci affirmait dans une interview "On a fait attention à la difficulté à tel point que les filles des membres de l'équipe ont pu terminer le jeu. Je pense que n'importe qui peut y jouer et le finir." Finir Castlevania Portrait of Ruin est donc à la portée de tous. Mais sachez que ce sera surement sans avoir vu la bonne fin, car il existe trois fins différentes dans cet opus et la véritable happy-end vous demandera bien plus d'investissement. Pour ceux souhaitant finir le jeu à 1000 % (oui oui 1000 % !) il vous faudra passer par du leveling, monter toutes les attaques secondaire en mode "Maître", terminer les quêtes secondaires proposées par "Wind", trouver les meilleurs équipements, obtenir les meilleurs sorts et bien entendu terminer le Bestiaire à 100 %. Tout ceci devrait vous prendre entre 50 et 70 heures de jeu.
Sans compter qu'une fois le jeu terminé avec la bonne fin, l'équipe d'IGA vous a prévus deux excellentes surprises, vous aurez donc le loisir de pouvoir rejouer l'aventure avec deux autres groupes de héros, Loretta et Stella deux des nouveaux protagonistes du jeu, ou bien de refaire l'aventure aux commandes de Richter Belmont accompagné de Maria Renard (les fans jubileront !)
N'oublions pas le mode Boss Rush qui vous permettra de récolter d'autres objets rares ainsi qu'un mode Coopératif en multijoueurs permettant de combattre ensemble les boss du jeu, ou de se vendre des objets acquis dans le jeu via le sans-fil par exemple.
Malgré une difficulté revue à la baisse, Castlevania Portrait of Ruin jouit d'une durée de vie très conséquente et d'une grande rejouabilité, de quoi donner de longues heures de plaisir aux mordus de la série et des autres aussi.
Quêtes annexes, Boss Rush mode, mode solo avec d'autres personnages, le soft propose du gros contenu et une très grosse rejouabilité.
Finissons avec la bande-son du jeu. Le soft nous offre comme à son accoutumé un nombre incroyable de très bons bruitages accompagné de très belles voix digitalisées. Chaque élément sonore est bien implanté et colle parfaitement à l'ambiance du jeu. La bande originale du jeu, elle, a été composée par la très talentueuse Michiru Yamane (30 morceaux) à qui l'on doit notamment l'excellente BO de Symphony of the Night ainsi que de Yûzô Koshiro (5 morceaux) à qui l'on doit les BO entre autre d'ActRaiser ou encore Street of Rage. Alors, oui avec de tels monuments aux commandes on pourrait s'attendre à du lourd musicalement, pourtant malgré le fait que Castlevania Portrait of Ruin possède une très bonne bande originale, elle est loin du niveau que l'on connait sur d'autres épisodes tels que Super Castlevania IV, Symphony of the Night ou encore Order of Ecclesia. Néanmoins, il faut bien admettre que quelques pistes sont vraiment d'excellente qualité comme "Invitation of aCrazed Moon", "Gaze Up at the Darkness" ou encore "Banquet of Madness". Il est aussi très agréable d'entendre de très bonne reprise comme "Iron Blue Intention" (clin d’œil à l'opus Bloodline/New generation) ou le savoureux "Simon's Theme". Donc bien qu'elle ne soit pas transcendante, cette bande originale reste tout de même une très bonne surprise et l'univers musical qui découle de la collaboration Yamane/Koshiro colle parfaitement à l'ambiance gothique de la série.
Pour finir Castlevania Portrait of Ruin est un bon jeu, loin d'être le meilleur de la série, mais un épisode avec de bonnes idées, peut être pas assez exploitées. D'ailleurs le sentiment qu'il en ressort une fois le jeu terminé c'est certainement celui d'un jeu fait un peu dans la précipitation de devoir sortir le jeu absolument pour la date anniversaire des 20 ans de la série. Dans tous les cas, il donnera aux joueurs de nombreuses heures de plaisir de jeu et c'est indéniable.
Petite anecdote supplémentaire, pour fêter les 20 ans de la série Konami à su faire plaisir aux fans en proposant un bonus de précommande pour la sortie de Castlevania Portrait of Ruin.
Ce collector se présentait sous la forme d'une pochette scellée (reproduction d'un scellée de cire) comprenant un CD des titres de la série les plus appréciés, un poster de la chronologie officiel de la série, ainsi qu'un artwork proposant des visuels de 1986 à 2006 et un boitier pour cartouche DS et un stylet. Bien entendu ce collector est un objet extrêmement rare quasiment introuvable.
Les points forts :
– Une réalisation impeccable
- Beaucoup décors extérieurs
- Un scénario riche en surprise
- Un gameplay coopératif bien pensé
- Une bonne durée de vie et une forte rejouabilité
- Une bonne Bande originale
Les points faibles :
– Le charac design à jeter à la poubelle
- Les dialogues sans vie
- Les énigmes coopératives pas assez nombreuses
- La difficulté vraiment basse
Note finale du testeur : 15/20
Dernière édition par Battosai14 le Mar 21 Juil - 18:35, édité 3 fois