ALIEN 3 (ALIEN³)
Année : 1993
Studio : Probe Entertainment Limited
Éditeur : Acclaim Japan/LJN Ltd.
Genre : ALIENS meets ALIEN³
Plate-forme : Super Famicom
Précision : ça coule de source, mais je préfère le dire de suite. Cette petite chro spoile bien évidemment la fin du film ALIENS et quelques passages du film ALIEN 3.
Après avoir échappé à l’horreur en compagnie de Hicks, Newt et l’androïde Bishop, Ellen Ripley va échouer sur la planète pénitentiaire Fiorina 161… et réaliser que ses compagnons d’infortune sont tous décédés à la suite d’une défaillance du système cryogénique. Sur Fiorina 161, Ripley va tomber sur une drôle de communauté : une prison naturellement ouverte, puisqu’il n’y a nulle part où aller sur cette planète. Hélas et contrairement aux apparences, Ripley n’est pas la seule survivante de son précédent voyage : les aliens l’ont accompagnée… et ont à présent proliféré dans leur nouvel habitat. Armée d’un lance-flamme, d’une mitraillette et d’un lance-grenades, la divine chauve Ellen Ripley va partir à l’assaut de toute la colonie d’aliens en tentant de détruire leurs nids, leurs reines… sans oublier de réparer les installations encore utilisables dans la gigantesque et sombre prison.
1992, souvenez-vous : les émeutes de Los Angeles, Bill Clinton qui devient président des États-Unis, la signature du traité de Maastricht (on en rigole bien d’ailleurs maintenant), la création de la chaîne Arte et surtout, surtout… le lancement d’un nouvel épisode d’ALIEN après deux films mythiques dont un dernier, signé James « God » Cameron, qui décrocha la mâchoire des spectateurs du monde entier. David Fincher, habitué des vidéoclips (bouh le vilain gros mot), prouva néanmoins qu’il avait un talent fou : son ALIEN 3 tient en effet la route et si certains points sont condamnables (on fait claquer les survivants du film précédent pour des facilités scénaristiques : honteux), ALIEN 3 a une imagerie propre et une atmosphère lourde au possible. Une vraie réussite, pourtant reniée par David Fincher himself.
Le jeu anglais de Probe reprend les décors du long métrage et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ambiance est parfaitement retranscrite pour une console 16 bits. On se faufilera ainsi dans des conduits sombres, on traversera en courant les différentes infirmeries (mais sans croiser Clemens), on se risquera parfois à l’extérieur pour être frappé par de violentes pluies et on explorera également d’immenses chaufferies avec du métal en fusion suintant de partout. Saisissant.
Outre l’excellence de la forme (décors, animations un peu lentes mais élégantes – regardez-moi la mitraillette qui pendouille quand Ripley se suspend à des barres), ALIEN 3 est un jeu qui possède une grosse force de caractère – puisqu’il mettra la vôtre à rude épreuve. En gros, dans ALIEN 3, on ne vous mâche pas le travail – au contraire même, ce sont plutôt les aliens qui vont vous mastiquer ! Chaque niveau est composé d’un grand complexe, formé de nombreuses salles reliées entre elles. Quelques terminaux informatiques vous permettent de sélectionner une mission (destruction d’œufs, scellage de portes, réparation de matériel, sauvetage de prisonniers…) qu’il vous faudra alors maitriser sans faire le moindre faux pas (la mort est synonyme de game over pur et simple). Là où ALIEN 3 fait fort, c’est dans sa gestion des efforts du joueur : vous allez devoir tout faire de A à Z ; repérer le meilleur chemin sur le terminal, compter chacune de vos balles car les munitions sont rares (voire sauter par-dessus les facehuggers pour économiser la mitraille), profiter des infirmeries avant de devoir éventuellement en sceller les portes, bref… Il vous faudra aller et venir au sein d’un niveau plus ou moins grand, sauter sur des plates-formes, faire du backtracking, dénicher quelques passages secrets bien sympathiques, grimper à des chaînes ou des échelles, le tout avec une fluidité et un naturel salvateurs dans un jeu aussi dur (vous pouvez tirer dans n’importe quelle position par exemple). Dur car comme je vous l’ai déjà précisé il y a plusieurs missions dans un niveau – généralement entre six et huit. Le hic, c’est que lorsque vous finissez une mission, il n’y a aucun checkpoint : vous devez retourner au terminal le plus proche et sélectionner une nouvelle mission. C’est uniquement lorsque tous les petits chapitres seront terminés que vous aurez le droit de profiter d’un mot de passe – en gros, donc, il y a un mot de passe après une petite heure de jeu… Je vous avais dit que les game over faisaient particulièrement mal… car malgré la présence de Sigourney Weaver, il n’y a pas de replay, dans ALIEN 3 !
En plus d’être avare en mots de passe (et carrément rapiat en checkpoints), ALIEN 3 est un véritable pousse-au-crime puisqu’il cherchera à vous faire cracher toutes vos munitions en moins de temps qu’il n’en faut pour dire : « Get away from her you bitch ». Les aliens monstrueux aux sourires acides sont en effet légion : ça pullule, ça saute de partout, ça marche au plafond et ça respawn parfois à foison. Heureusement vos trois armes sont extrêmement efficaces : mitraillette, lance-flamme pouvant être upgradé et lance-grenades. Trop efficaces, même, par conséquent vous serez souvent tenté de les utiliser plus que de raison. Un conseil : résistez à l’ire de la tentation, car un ou deux chargeurs économisés en début de partie peuvent vous sauver la vie en fin de mission.
Mais venons-en à ce qui fâche, ce petit rien qui fait tout et qui a empêché un jeu aussi prometteur de devenir un incontournable de la Super Nintendo. Non, je ne parle pas de l’âme du film que les développeurs ont foulé des deux pieds (vous avez vu des armes à feu dans le long métrage de David Fincher, vous ?), ni de la difficulté et des vagues innombrables d’aliens qui vous poussent à utiliser des munitions que vous souhaiteriez économiser – ça fait partie du charme du jeu. Non, le détail vraiment énervant ce sont tous ces allers-retours incessants à partir du niveau trois. Il vous faudra parfois faire le tour entier d’un tableau pour atteindre un terminal, naviguer dans de longs conduits pour vous rendre (plusieurs fois, bien évidemment) d’un point A à un point B. Le pire c’est que tout cela est parfois présenté de manière tellement artificielle que le doute n’est pas permis : le responsable du level design est un sadique ! Comment expliquer autrement la présence d’une porte impossible à ouvrir au niveau 3, coupant littéralement le complexe en deux et vous forçant à effectuer d’innombrables voyages en traversant toujours les mêmes lieux ? Rageant… Je dirais même plus : aliénant.
Celles et ceux qui fermeront les yeux sur ce défaut (ou qui s’en accommoderont), découvriront un jeu exigeant mais très valorisant : en effet le joueur prudent finira toujours par vaincre. En un mot comme en cent : apprenez à marcher sur des œufs (un peu gluants…?). Ne tuez donc que les aliens qui représentent un danger immédiat, ne ramassez les bonus que si vous en avez vraiment besoin (mémorisez bien leur location), apprenez à dompter les sauts un peu flottants de Ripley et découvrez petit à petit toutes les astuces qui vous simplifieront la vie : quelle que soit la hauteur Ripley ne perd pas d’énergie lors des chutes, certains aliens sont plus sensibles que d’autres à certaines armes, les reines aboient mais ne mordent pas vraiment si vous savez jouer finaud, etc.
ALIEN 3 est par conséquent un vrai bon jeu, éprouvant dans le bon sens du terme (préparez-vous à des sessions d’une heure sans aucun checkpoint), mais qui pourrait bien effrayer certaines personnes en raison de sa redondance et de certaines séances de backtracking résolument lourdes.
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Une vidéo de ce qu’il ne faut pas faire : tirer partout sur tout ce qui bouge…
Dernière édition par Oli le Mer 27 Jan - 11:39, édité 1 fois