KNACK
Développeur : Sony Japan Studio
Éditeur : Sony
Année : 2013
Support : PlayStation 4
Genre : beat'em all
Pour défendre la planète contre une armée de gobelins, la race humaine va se tourner vers Knack, une relique mystérieuse à laquelle un savant est parvenu à donner vie. De petite taille, Knack peut néanmoins grandir jusqu’à atteindre des proportions godzillesques s’il parvient à trouver d’autres reliques pour fusionner. Knack possède également la faculté de relâcher une grosse quantité d’énergie destructrice après avoir accumulé des résidus de cristaux. Ces nombreux atouts seront-ils suffisants pour ramener les gobelins à la raison ? Rien n’est moins sûr…en particulier quand des traitres fomentent des complots machiavéliques dans votre dos…
Avertissement : ce test a beau être hébergé par un site amateur, il n’en demeure pas moins habité d’une volonté réelle de rendre compte le plus fidèlement possible et avec une objectivité sincère des forces et faiblesses du jeu KNACK. C’est pour cette raison que toute blague à base de petite saucisse sera purement et simplement bannie de cette chronique et de ses éventuels commentaires (les récidivistes seront condamnés à manger de la saucisse industrielle tout en regardant cette vidéo).
Étrange mutant à la dégaine pataude constitué de reliques magiques, Knack est un héros incompris – car peu clair, disons-le franchement. S’agit-il d’un jeu de plates-formes ? D’un beat’em all ? D’un univers féerique à la SHREK pour petits et grands ? D’un titre pour joueurs confirmés avides de challenge et de lancers de manette ? D’un jeu un peu old school, ou bien au contraire résolument moderne ? Et bien le problème de KNACK, c’est qu’à force de vouloir toucher à tout, il finit par n’exceller en rien.
Mélanger la plate-forme et le beat’em all était, par exemple, une excellente idée – d’autant plus qu’en 2013 ce genre de jeux ne court pas forcément les rues. Hélas pour le côté plate-forme, il faudra se contenter de quelques passages très « plan-plan » et d’un level design très pauvre (d’aucuns diront indigne), en pure ligne droite avec une caméra fixe – choquant au début, ce stratagème permettant d’éviter de coder trop de décors donne finalement un petit côté old school sympathique à l’ensemble. Pour l’aspect beat’em all enfin, inutile de vous affoler, les coups sont très simples à mémoriser : il n’y en a qu’un ! Un coup fatal, d’ailleurs, pour un beat’em all ? Oui et non. Ce côté simpliste de l’action a un atout : il devient presque hypnotique, et répéter la routine des combos, jouer avec le saut, le double saut, l’attaque spéciale (si votre jauge est pleine) et surtout avec l’esquive via le stick droit (tout est basé là-dessus) devient vite extrêmement prenant. Mais ça ne plaira pas à tout le monde, ça a au moins le mérite d’être clair. D’ailleurs ce système de combat extrêmement simple ne fait pas de KNACK un jeu facile pour autant, au contraire : si KNACK n’est certes pas très difficile, il demande malgré tout une certaine concentration et une réelle étude des patterns des ennemis – qui ne sont pas compliquées, je vous rassure. Pour espérer voir le bout du tunnel sans trop transpirer, il conviendra donc, en gros, de faire comme Laura Branigan : garder votre self control.
Alors, ce KNACK, il est sympa finalement ? Oui !
A l’heure où les sites de jeux vidéo professionnels testent la majorité des softs en ligne droite en prenant bien soin de ne pas activer le mode de difficulté difficile, à l’heure où ces mêmes sites redoublent curieusement d’efforts pour tester des DLC ou noter de simples épisodes (une hérésie – donne-t-on son avis après le premier quart d’heure d’un film ou le premier chapitre d’un livre ?), bref à l’heure où la plupart des gros sites de jeux vidéo prennent un malin plaisir à se décrédibiliser d’une manière ou d’une autre, KNACK n’a pas été très bien reçu par ces derniers. Disons même qu’il a pris une belle volée de bois verts ! Attention, je ne dis pas que toutes les critiques et autres notes extrêmement sévères à l’encontre de KNACK sont injustifiées. Chacun son avis. Respectons la différence. Non, ce qui me gêne un peu, dans cette histoire, c’est la malhonnêteté de certains arguments à charge avancés lors de la sortie du jeu.
GameKult : « Knack est en réalité un titre étonnamment difficile dans lequel on meurt souvent. »
Gameblog : « Difficile de fermer les yeux sur certains défauts, à commencer par la difficulté parfois déroutante. »
Jeuxvideo.com : « Knack propose une difficulté old-school et injuste capable de faire péter un plomb au joueur le plus zen. De nombreux ennemis vous tuent en un seul coup et les points de sauvegarde sont bien trop éloignés les uns des autres. Vous aurez beau esquiver comme un fou, la démarche pataude de Knack ne vous permet pas toujours d’éviter les attaques. On en arrive donc logiquement à se demander à qui s’adresse le jeu : les plus jeunes ne lui pardonneront pas son aspect punitif et il n’y a aucune chance que les plus expérimentés ou les accros au challenge adhèrent à cet univers acidulé. »
Alors je l’ai déjà dit mais le jeu n’est pas si dur. En normal, il se boucle plutôt facilement : il n’y a pas de Game Over, les cristaux jaunes permettant de recharger votre jauge d’attaques spéciales sont légions et les vies sont infinies. Que faut-il de plus aux testeurs de jeux vidéo professionnels ? Auraient-ils souhaité ne pas pouvoir tomber dans les trous ? Ça oui, ça a dû les choquer : dans KNACK on peut tomber dans les ravins et mourir ! Incroyable ! Auraient-ils aimé « bourriner » ? Devoir la jouer fine dès le début du jeu, c’est-à-dire en esquivant et en étudiant les patterns des ennemis, ça aussi ça a dû les désorienter. Ces testeurs, élevés au bon grain des checkpoints immédiats (c’est-à-dire que l’on reprend la partie à l’endroit exact de notre mort), ont perdu l’habitude de l’effort. De la concentration. De l’étude de l’environnement pour avancer sans heurts. Un autre détail me choque : lorsqu’un testeur pro nous balance des énormités faites maison comme s’il s’agissait d’une vérité absolue. Les jeunes joueurs seraient incapables de jouer à KNACK. Ah bon. C’est bizarre mais quand j’avais entre 10 et 15 ans, mes amis, mon frère et moi-même étions capables de boucler des jeux ô combien plus retors que le gentil KNACK. Et nous n’étions pas des tueurs. Les gens auraient-ils changé ? Évolué vers un assistanat permanent ? Le refus de l’effort ? Si c’est le cas, alors certains testeurs professionnels, en raison de leurs litanies répétées ad nauseam, ont leur part de responsabilité. Une dernière chose : il n’y aurait « aucune chance que les plus expérimentés adhèrent à cet univers acidulé ». Hein ? Quoi ? Comment ? Encore cette dichotomie superfétatoire montée de toutes pièces entre le monde des casual et celui (supposé) des hardcore gamers. La lobotomie est en marche : ouvrez grand votre esprit pour que vos neurones s’en enfuient. Étrange, quand même, car il me semble que le gameplay d’un SUPER SMASH BROS (à l’univers très acidulé) plait aux joueurs expérimentés. SPYRO, RAYMAN, DONKEY KONG…bon, je crois que je vais m’arrêter là.
Alors KNACK n’est pas un grand jeu. Il ne s’agit pas non plus d’un system seller, ni d’un soft dont on répétera les parties à l’envi, son gameplay étant relativement répétitif (même pour un beat’em all). Notons également que le système de chasse aux trésors est d’une stupidité qui dépasse l’entendement : il est entièrement basé sur la chance, et le droprate des diamants (que certains se sont amusé à calculer) avoisinerait les 4%. Une hérésie ! Néanmoins, KNACK n’a rien du mauvais titre annoncé un peu partout et tant décrié sur le web – souvent, il est vrai, par des joueurs qui ne l’ont jamais approché. On préférera donc le qualifier de bon petit jeu de lancement, très plaisant à parcourir au moins une ou deux fois par exemple pour tester les attributs des nouvelles formes de Knack, à débloquer via des trésors glanés çà et là, ou pour se frotter aux modes de difficulté supérieurs (attention, en raison des routines du jeu et de ses checkpoints pas très conciliants, le mode Very Hard n’est pas super fun – nous ne sommes pas dans NINJA GAIDEN). Techniquement, enfin, le jeu de Sony Japan est plutôt réussi – si on met de côté les humains (n’est pas Pixar qui veut), le reste est de bonne, voire d’excellente facture (les textures : du jamais vu je pense, que ce soit sur 360 ou PS3). On regrettera, surtout, que le bashing généralisé dont il a fait l’objet a sans doute condamné dans l’œuf toute idée de suite– et c’est bien dommage, car un deuxième épisode plus varié et expurgé de tous les défauts du premier opus, ça aurait eu de la gueule. La licence KNACK appartient-elle donc déjà au passé ? A peine sortie, et déjà à ranger avec les reliques ? Ce serait de circonstance, j’ai envie de dire…
Graphismes : 3/5
Gameplay : 3/5
Bande-son : 3/5
Durée de vie : 3/5
Note globale : 12/20
Note testeur : 14/20
Le principal défaut de KNACK est de ne pas avoir poussé l’originalité de ses phases de plates-formes, ni multiplié les approches possibles des combats : les techniques sont en effet proposées en nombre famélique, et les différentes formes du héros (métal, bois qui se consume avec le feu, translucide, gigantisme…) nous sont à chaque fois imposées. Impossible, en effet, de changer de forme à la volée : quel dommage…et quel frein à la créativité du joueur ! On passe quand même indéniablement un bon moment avec ce jeu relativement simple et un brin old school, surtout que quelques phases nous font bien ressentir la puissance du Knack gigantesque (presque un kaijû eiga !). KNACK n’en demeure pas moins une énigme. Pourquoi la PS4 ? Pourquoi l’avoir tant mis en avant ? Pourquoi un rythme aussi mou ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Après libre à vous d’apprécier ou non ce jeu. Tous les mauvais goûts sont dans la nature. Mais, car il y a un mais…ne croyez pas sur parole celles et ceux qui critiquent KNACK en se basant avant tout sur sa prétendue difficulté.
Images : jeuxvideo.com