De rien !
Si vous voulez connaitre mon avis précis sur le premier épisode, je suis allé fouiller dans mes archives, j'avais rédigé une chronique du jeu dans sa version japonaise. En voici un copier-coller :
Avec DISASTER REPORT, attention les secousses : la série ayant rencontré un certain succès d’estime, ses tremblements de terre connaitront des répliques, sous la forme de suites. L’une encore pour la PlayStation 2, l’autre pour la PSP. Mais l’histoire de cette franchise très singulière est aussi tristement connectée à une catastrophe bien réelle. Le quatrième opus de la série, prévu sur PlayStation 3, aurait dû sortir le 10 mars 2011, avant d’être repoussé à une date ultérieure. Une date qui ne viendra jamais, puisque le 11 mars 2011 un tsunami ravagea les côtes de la région de Tôhoku et fut responsable de plus de 18000 morts ou disparus…sans même parler des conséquences gravissimes qui perdurent aujourd’hui encore dans cette partie du Japon – voire dans le pays tout entier, si on prend en compte la catastrophe nucléaire. Les producteurs du jeu prirent leurs responsabilités en annulant officiellement le quatrième épisode quelques jours après. Oui, par un triste et obscur hasard, la sortie de ZETTAI ZETSUMEI TOSHI 4 a quasiment chevauché la terrible réalité – dont s’est toujours inspiré cette série de jeux vidéo, soit dit en passant.
DISASTER REPORT, sorti initialement en 2002, accuse hélas le poids des ans. Il faut dire que les développeurs ont eu la folie des grandeurs : des immeubles qui s’écroulent tout autour de vous, des piliers qui s’abattent par dizaines, des ponts qui s’affaissent (parfois lorsque vous êtes dessus !), un tsunami improbable et un building qui tangue dangereusement alors que vous êtes encore dedans. Ceci n’est qu’un petit échantillon de ce qui vous attend dans l’incroyable aventure contée dans DISASTER REPORT. Mais une telle distance d’affichage pour l’époque, autant d’évènements presque grandeur nature, tellement de détails et de mouvements à l’écran ne se font pas sans mal : le jeu rame assez souvent, et parfois violemment. Ajoutez à cela une certaine rigidité dans les déplacements, la caméra ringarde (oubliez le stick droit pour la contrôler) et l’obligation de passer dans les menus pour sélectionner un objet et l’utiliser, et vous aurez alors une petite idée des écueils qui vous attendent si vous vous lancez dans DISASTER REPORT aujourd’hui en imaginant que vous aurez droit à un jeu aussi user friendly que la plupart des titres actuels.
Mais ces soucis techniques sont, aussi, ce qui fait le charme du jeu. Je m’explique. On sent vraiment que les développeurs sont allés au bout de leurs idées, de leur trip « fin-du-mondesque » sans trop se soucier si tout tiendrait dans une PlayStation 2 et surtout s’ils avaient suffisamment de talent et d’argent pour peaufiner tout ça. Une attitude déraisonnable, non professionnelle… ou rêveuse ? Moi j’ai tout de suite penché pour la dernière solution. DISASTER REPORT est un jeu qui va au bout de lui-même, porté par des développeurs qui voulaient absolument y mettre tout ce qui leur passait par la tête. Et j’ai adoré ! Si, comme moi, vous êtes retrogamer dans l’âme et pouvez faire fi de certains soucis techniques pour vous plonger littéralement dans une aventure hors du commun, vous risquez bien de ne jamais vouloir remonter à la surface ! Et le jeu vous y aidera : inondations, torrents de boue et tsunami vont rivaliser d’efforts pour vous faire boire la tasse. Mieux : le soft a l’intelligence de jouer la carte de la variété puisqu’il alterne les phases de survie avec rationnement, recherche de son chemin en territoire hostile et gestion de la soif, les phases de « panique » où il vous faudra courir en évitant des pièges scriptés et joliment mis en scène et enfin des phases de plate-forme pure, durant lesquelles vous devrez par exemple marcher en équilibre sur des barres suspendues au-dessus de terribles flammes ou vous faufiler lentement sur la corniche d’un immeuble à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Ces phases de plate-forme, bien qu’assez rigides à cause de la maniabilité du personnage, n’en demeurent pas moins parfaitement jouables : il n’y a pas de morts injustes une fois que l’on a bien compris comment prendre en main les mouvements du héros. Un dernier détail : pour éviter de tomber dans le vide, pensez-bien à presser le bouton R1 en cas de secousse sismique. Cela aura pour effet de vous accroupir et donc de ne pas perdre l’équilibre.
Malgré ses défauts, qui ne seront étrangement pas corrigés dans le deuxième épisode toujours pour la PlayStation 2, DISASTER REPORT constitue un divertissement hallucinant, original et varié. L’ouverture est dantesque : sur un pont gigantesque et suspendu sur le point de s’écrouler ! La suite sera du même acabit : un métro délabré, des immeubles qui tombent comme des dominos, un vrai sentiment d’isolement (renforcé par l’absence totale de musiques), des camions qui paraissent tomber du ciel (hallucinant) et toujours cette menace constante inhérente au vrai survival : la fatigue, le rationnement obligatoire (votre sac à dos n’est pas énorme), la gestion de la soif mais aussi des autres survivants. En effet, des dialogues incluant plusieurs réponses auront pour conséquence de vous proposer des intrigues complètement différentes et donc des fins variées. Quel pied, vraiment. Oui quel pied de pouvoir jouer à une aventure réaliste et prenante, un survival sans monstres ni zombies ! Un soulagement…de courte durée ? Plus ou moins, car sur la fin, l’intrigue de DISASTER REPORT emprunte un chemin bien peu convaincant, fait de...
- spoiler:
complot politique et de mercenaires équipés d’armes de guerre – attendez-vous à devoir subir quelques phases d’infiltration ridicules et peu logiques (criez à dix mètres d’un ennemi, dans certaines scènes il ne se déplacera pas pour venir vous chercher).
Il serait malgré tout dommage de démolir un tel jeu pour sa faute de goût finale – et puis c’est subjectif, certains joueurs pourraient apprécier ce changement de ton. DISASTER REPORT demeure un jeu comme on en fait peu et qui mérite que l’on passe outre ses écueils techniques, surtout qu’il peut être refait plusieurs fois afin d’en goûter les différentes difficultés (ça n’a rien à voir quand la soif vous gagne plus rapidement), de dénicher ses petites scènes accessoires, ses secrets et multiples objets (souvent utiles) voire ses intrigues parallèles. Un véritable tsunami vidéoludique, c’est dit !
PS : les versions américaine et européenne ont été remaniées puisque certains des personnages principaux ont été occidentalisés… en les affublant de cheveux d’un blond platine presque exubérant. Un parti pris un brin dérangeant…