J'ai remarqué la semaine dernière qu'une suite d'un de mes films préférés toutes catégories confondues était sortie l'an dernier, mais j'étais complètement passé à côté. Il s'agit de Tetsuo 3, ridiculement sous-titré "The Bullet Man", et c'est tout frétillant d'excitation, quoiqu'avec une pointe d'appréhension, que je me le suis procuré pour enfin le visionner hier soir.
La déception fut amère, mais je bus mon courage jusqu'à la lie, ou quelque chose comme ça, et résistai à la tentation d'appuyer sur "stop", ce qui aurait pourtant été salvateur pour l'honneur de Tsukamoto. Un parodiste aurait voulu tourner en ridicule le premier Tetsuo qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Tetsuo 3 reprend énormément d'éléments caractéristiques du premier et les clins d'oeil sont nombreux, mais ne dépassent jamais le fan service de bas étage. Je pourrais écrire un bouquin sur tout ce qui n'allait pas, mais je vais essayer de rester bref. Tetsuo brillait par son travail de caméra (totalement frénétique, avec des cadrages osés) et surtout de montage (cut à la limite du subliminal, alternance de longs plans séquences et de scènes totalement hystériques en stop-motion), et vous retrouverez tout ça dans Tetsuo 3, sauf que ça ne marche plus du tout. Déjà plus de 20ans se sont écoulés, la réalisation "clipesque" est devenu un tic fréquent et un cliché en soi, on se rend compte que ce qui était révolutionnaire en 1989 est finalement assez banal en 2011, du point de vue de la forme. Et en plus c'est mal fait : Tetsuo restait lisible même dans ses pires moments d'hystérie, Tetsuo 3 est absolument incompréhensible même pour un oeil exercé comme le mien, la moitié du film est une sorte de soupe floue de laquelle aucun élément ne ressort. Tetsuo était tranchant, avec son noir et blanc crado et hyper-contrasté et son montage saccadé, Tetsuo 3 ne réussit qu'à être gerbant à force de tremblements et de couleurs moches.
La musique et l'environnement sonore, l'autre grande force de Tetsuo qui autrement est quasiment un film muet, ont un peu moins soufferts mais n'apportent rien non plus. On retrouve des compositions indus très inspirées de celles du premier mais un peu moins réussies selon moi, et qui finalement ont un rôle moins important puisque les longs passages "clip" du premier ont globalement été remplacés par une narration lourdingue et soporifique.
Voilà qui m'amène à un dernier point : Tetsuo 3 est mal scénarisé, et surtout très mal joué. Là où Tetsuo misait sur l'absence de narration pur et simple, avec ses personnages anonymes, la quasi-absence de dialogues, pour développer une histoire finalement simple mais racontée comme un long cauchemar, Tetsuo 3 se vautre allègrement dans le mélodrame familial et les conspirations de bas étage. Ce coup-ci, vous n'échapperez pas aux révélations sur les origines grotesques de l'homme de fer, narrées en anglais par des acteurs japonais qui ont probablement appris leur texte en phonétique. Heureusement l'acteur principal est américain et n'a donc pas ce problème, mais il n'est pas très bon pour autant. Tous ces dialogues sont longs, inintéressants et même franchement risibles par moment, le ponpon revenant à Tsukamoto lui-même qui a repris le rôle du méchant, et dont l'anglais est totalement incompréhensible, au point que par moment je ne savais même plus s'il ânonnait son texte en anglais ou en japonais !
S'il s'agissait d'un film original, Tetsuo 3 passerait simplement pour une expérimentation foireuse mais avec un thème original et intéressant. Le problème c'est que Tsukamoto n'est plus un jeune réalisateur maintenant, et sa tentative de conquérir l'international en revisitant son chef-d'oeuvre de jeunesse accumule les erreurs impardonnables pour ceux qui ont vu et apprécié Tetsuo. Encore trop extrême pour le grand public, qui lui a réservé un accueil glacial, mais aussi plombé par ses compromis envers le cinéma disons "traditionnel", Tetsuo 3 ne satisfait au final personne, et dissuadera certainement plus d'un de voir l'original. En plus il s'agit déjà du deuxième remake après celui de 1992, "Body Hammer", qui quoique moyen constitue finalement une variation plus intéressante.
Bon pour ceux qui ne connaissent pas :
La déception fut amère, mais je bus mon courage jusqu'à la lie, ou quelque chose comme ça, et résistai à la tentation d'appuyer sur "stop", ce qui aurait pourtant été salvateur pour l'honneur de Tsukamoto. Un parodiste aurait voulu tourner en ridicule le premier Tetsuo qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Tetsuo 3 reprend énormément d'éléments caractéristiques du premier et les clins d'oeil sont nombreux, mais ne dépassent jamais le fan service de bas étage. Je pourrais écrire un bouquin sur tout ce qui n'allait pas, mais je vais essayer de rester bref. Tetsuo brillait par son travail de caméra (totalement frénétique, avec des cadrages osés) et surtout de montage (cut à la limite du subliminal, alternance de longs plans séquences et de scènes totalement hystériques en stop-motion), et vous retrouverez tout ça dans Tetsuo 3, sauf que ça ne marche plus du tout. Déjà plus de 20ans se sont écoulés, la réalisation "clipesque" est devenu un tic fréquent et un cliché en soi, on se rend compte que ce qui était révolutionnaire en 1989 est finalement assez banal en 2011, du point de vue de la forme. Et en plus c'est mal fait : Tetsuo restait lisible même dans ses pires moments d'hystérie, Tetsuo 3 est absolument incompréhensible même pour un oeil exercé comme le mien, la moitié du film est une sorte de soupe floue de laquelle aucun élément ne ressort. Tetsuo était tranchant, avec son noir et blanc crado et hyper-contrasté et son montage saccadé, Tetsuo 3 ne réussit qu'à être gerbant à force de tremblements et de couleurs moches.
La musique et l'environnement sonore, l'autre grande force de Tetsuo qui autrement est quasiment un film muet, ont un peu moins soufferts mais n'apportent rien non plus. On retrouve des compositions indus très inspirées de celles du premier mais un peu moins réussies selon moi, et qui finalement ont un rôle moins important puisque les longs passages "clip" du premier ont globalement été remplacés par une narration lourdingue et soporifique.
Voilà qui m'amène à un dernier point : Tetsuo 3 est mal scénarisé, et surtout très mal joué. Là où Tetsuo misait sur l'absence de narration pur et simple, avec ses personnages anonymes, la quasi-absence de dialogues, pour développer une histoire finalement simple mais racontée comme un long cauchemar, Tetsuo 3 se vautre allègrement dans le mélodrame familial et les conspirations de bas étage. Ce coup-ci, vous n'échapperez pas aux révélations sur les origines grotesques de l'homme de fer, narrées en anglais par des acteurs japonais qui ont probablement appris leur texte en phonétique. Heureusement l'acteur principal est américain et n'a donc pas ce problème, mais il n'est pas très bon pour autant. Tous ces dialogues sont longs, inintéressants et même franchement risibles par moment, le ponpon revenant à Tsukamoto lui-même qui a repris le rôle du méchant, et dont l'anglais est totalement incompréhensible, au point que par moment je ne savais même plus s'il ânonnait son texte en anglais ou en japonais !
S'il s'agissait d'un film original, Tetsuo 3 passerait simplement pour une expérimentation foireuse mais avec un thème original et intéressant. Le problème c'est que Tsukamoto n'est plus un jeune réalisateur maintenant, et sa tentative de conquérir l'international en revisitant son chef-d'oeuvre de jeunesse accumule les erreurs impardonnables pour ceux qui ont vu et apprécié Tetsuo. Encore trop extrême pour le grand public, qui lui a réservé un accueil glacial, mais aussi plombé par ses compromis envers le cinéma disons "traditionnel", Tetsuo 3 ne satisfait au final personne, et dissuadera certainement plus d'un de voir l'original. En plus il s'agit déjà du deuxième remake après celui de 1992, "Body Hammer", qui quoique moyen constitue finalement une variation plus intéressante.
Bon pour ceux qui ne connaissent pas :