TERRACON
Testé sur : Playstation
Développeur : Picture House
Editeur : Sony
Année de sortie : 2000 (Europe seulement)
Existe aussi sur : rien d’autreL’année 2000. On en a dit des choses avant qu’elle n’arrive. Des tas. Des monceaux même. C’était le nouveau millénaire, le renouveau, l’évolution. THE future, my friends, comme disent nos anglais amis, n’est-il pas. On voyait déjà les hommes aller au boulot en voitures volantes sur coussin d’air. Les robots, androïdes, et autres cyborgs faisaient déjà partie du quotidien, tandis que les postes de télévision laissaient la place à des cubes de projection holographique. Et au final, qu’a-t-on eu, hein, je vous le demande ? Les voitures à coussin d’air n’ont jamais été plus loin que dans F Zero (au passage, je ne sais plus si on doit mettre un tiret, et je m’en tapouille les cotes. Oui, une p’tite contrepèterie ne fait pas de mal, même si c’est avec un mot inventé), alors que l’homme « moderne » est retourné aux trottinettes… Le seul robot que je possède est celui qui me fait mon jus d’orange, quand il veut bien fonctionner ; Seb, c’est (pas) bien. Et à défaut d’hologramme, on nous a pondu une ignoble arnaque : les films en 3D. Vous savez ces trucs-machins créés dans l’unique but de vous obliger à prendre vos places de ciné 2 à 3 euros plus cher pour une scène à la con où une bulle d’eau va fricoter l’espace d’une seconde avec votre rétine, tout en ternissant les couleurs de la pellicule. Joie.
Au milieu de cette grise année 2000 qui nous vomissait ainsi à la poire ses désillusions, il n’était donc pas rare d’avoir un petit coup de blues. Encore plus lorsqu’on a 20 ans et que l’on subit de plein fouet les conséquences d’un choix d’orientation douloureux. Ô stupidité, je fus ton plus grand représentant ! Ignorance qui fut mienne, à quel point ai-je pu regretter de t’avoir ainsi embrassé ! Moi qui n’étais qu’un gentil garçon plein de joie et de fougue, l’année 2000 à jamais m’aura sali. Quel est donc ce fléau qui aura planté en moi les graines d’un cynisme qui aurait fait passer Daria pour une girl-scout ? Quel est ce cataclysme qui aura changé le sucre de mes mots en un venin amer aspergeant copieusement le quotidien ? Plus de questions, n’en jetez plus, il est temps pour moi d’avouer l’inavouable, de dire l’indicible, d’écrire l’incricible. Heu… l’inécritable ? Ouais, il est temps de déballer son sac quoi. En cette année 2000, voici ce que j’ai choisi de faire :
Je me suis dirigé vers des études d’infirmier.Oh, je vous vois venir. Vous ne comprenez pas. Pourquoi vous fais-je languir pour vous jeter comme ça, à vos ignobles trognes (mais non, vous n’êtes pas laids, c’est juste pour la rhétorique !), un truc qui semble aussi plat, raplapla ? Comprenez bien qu’une année en école de formation d’infirmière, d’infirmier pardon, il faut l’avoir vécu pour comprendre. Les bonnes âmes innocentes vous diront que ça doit être sympa, intéressant, qu’on apprend du contact avec les gens, que les infirmières sont gentilles et qu’en plus elles ne portent rien sous leur blouse, les sal…
Remettons les pendules à l’heure, tic toc. Le contact avec les gens, c’est à 90% la toilette corporelle. Les gens, ce sont à 90% des vieux (ou des vieilles, à cet âge là il est parfois dur de distinguer). Les cours si intéressants, c’est à 90% apprendre comment on doit faire une piqûre, comment bien désinfecter une chambre (comprenez par-là qu’on vous apprend simplement à manier le combo balai-lingette), comment bien marquer sur les fiches de soin que Madame Macadam a bien pris sa pilule bleue et que Monsieur Croquemonsieur a fait de jolies selles, bien plus belles que celles de la veille qui étaient toutes molles, youpi. Entretemps, on vous chargera de nettoyer les escarres d’un paraplégique au gant de toilette. Pardon, auX gantS de toilette. Oui, au bout de 2-3 escarres, lorsque le gant commence à être imbibé de pus jaunâtre, vous comprenez vite que la toilette ne va pas se faire en 2 minutes. Restent les infirmières, vous me dites ? Ah ah ah, la bonne blague ! Vous croyez que ça se passe comme dans le dernier Marc Dorcel ? Viens là que j’prenne ta tension, j’ai un gros thermomètre tout chaud, bave bave, gnéhéhé. Laissons de côté les infirmières déjà titularisées : lorsqu’on a 20 ans comme moi à cette époque, les trentenaires et quarantenaires légèrement enveloppées ne présentent qu’un intérêt bien maigre. Je préférais me tourner vers mes féminines camarades. Ah ouais, mais non. Vous connaissez le quota des gars par rapport aux filles dans les écoles d’infirmières, pardon d’infirmiers ? Sur une quarantaine d’élèves, on était juste 2 gars. Un pauvre type (moi), et un autre pauvre type (l’autre). Autant vous dire que je fus la cible de tous les regards. Et non, point de regards lubriques : plutôt les interrogations de connasses à deux sous se demandant sûrement ce que je foutais là ; un mec qui choisit d’être infirmier ça doit pas avoir de couilles, tout ça. Brimades, rires à peine sous cape, on va faire chier l’étranger. Et moi, trop gentil, de subir sans véritablement protester. Et en plus les filles, ça ne parle pas de jeux vidéo, horreur ! Con que je fus (comme disait le bernard-l’hermite à la palourde. Ouuuuuh, qu’elle est bonne celle-là !) lorsqu’il aurait suffit de jeter au feu toutes les lois de la galanterie et de distribuer gifle sur gifle. L’hôpital était à côté, il n’y aurait pas eu beaucoup de mal.
Pourquoi cette grosse digression sur ma vie ? Je suis presque sûr que vous avez déjà vérifié par deux fois si vous avez bien tapé l’adresse du bon site, et non par inadvertance cliqué sur un lien du genre « maviemalifesnifsnifouinouin.com ». Tout simplement, bande d’impatients, pour bien comprendre l’état d’esprit dans lequel je fus. Une grise année 2000, des rêves brisés, un futur incertain, un entourage à vomir son duodénum… Les gens « normaux », dans ces cas de figure, se guérissent alors du mieux qu’ils peuvent, par des petites thérapies improvisées. Cela peut aller du petit restau entre amis, de la petite heure journalière de piscine/football/jogging/masturbation. A chacun son truc. Mais lorsqu’on est un type élevé au jus d’hérisson bleu, lorsqu’on a connu Vandamme dans Mortal Kombat avant d’apprendre qu’il s’agissait d’un bonhomme existant dans la « vraie » vie, lorsqu’à 8 ans on rêve de devenir plombier pour le prestige de l’uniforme, rouge ou vert bien entendu, alors on n’est pas un type « normal ». Non. On est un gamer. Et en tant que tel, en cas de déprime, il n’existe qu’un remède, un seul : se faire un jeu.
Mais qu’arrive-t-il lorsque, hélas, cette envie… Non, soyons francs, et puis ça fera du gros sel pour France 2 et ses journalistes recrutés chez MacDo, qui doivent être payés pour leurs papelards sur les jeux vidéo au prorata du mot « addiction »… Qu’arrive-t-il donc lorsque ce BESOIN de se faire un bon jeu tombe en pleine période creuse ? Ah ça, j’aurais pu choisir de déprimer à Noël, j’aurais eu le choix parmi une dizaine de titres. Bah non. Là, rien de bon. Et fin de vie de la console Playstation en plus, donc peu de nouvelles sorties. Diantre. Alors j’ai fait ce que tout amateur de jeux vidéo a un jour fait dans sa vie. J’ai parcouru de mon regard bovin, au hasard d’une errance dans une grande surface, les quelques titres Playstation épars casés dans un étalage de 2 mètres de long, entre des livres de coloriages pour enfants et les DVD de nanars bradés à 3 euros. Ne mentez pas, on l’a tous fait ! Tous à la recherche d’une petite pépite, ou d’une bonne affaire. Et on a tous pris le risque, un jour, de délester son porte-monnaie pour ce jeu inconnu. Oui, ce type de jeu, ce truc-là, ce machin. Ce jeu mystère qu’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam ni de sa pomme. Au mieux la jaquette nous aguiche (au hasard : Dead or Alive Xtreme Beach Voleyball), ou bien le titre nous interpelle (au hasard : Big Mutha Truckers). Dans mon cas, ce ne fut ni l’un ni l’autre. Je me souvenais vaguement avoir lu un petit test dans un obscur magazine, où le jeu fut noté comme bon. Non, pas génial ni même transcendant. Pas même fantasmagorique ou jubilatoire, et encore moins grisant ou prodigieux. Juste bon, passable presque. Basta, le test du magazine était fini, et on tournait la page, au propre comme au figuré. Mais voilà, rien d’autre à croquer, le jeu n’est pas trop cher. Alors je prends le risque. Le risque que tout gamer a pris un jour, celui de payer pour l’inconnu, en espérant, des fois que…
Faute de grives, on bouffera du merle. Faute de Final Fantasy 9, on se contentera de Terracon.
Terracon ? Gné ?La première chose géniale avec ce jeu, déjà, c’est qu’il porte un titre marrant. Non, sérieusement, prononcez-le à la française. Allez-y, faites-le, avec le calendos à côté de vous et le p’tit verre de vin rouge. Té-Rah-Con. Terre à cons. Hi hi ho ho ha ha ! Avec un tel nom, on pourrait croire que le jeu est une simulation de vie en plein Paris Games Week, ou encore un FPS ayant pour cibles les joueurs de l’équipe de France de Football. Non, bien sûr, pas celle de 1998. L’autre, là, avec les neuneus qui se la jouent grand seigneurs. Bon enfin, passons…
La deuxième chose fantastique, c’est que le jeu était et reste inconnu au bataillon. Sérieusement, seule une poignée de joueurs a dû toucher à cette galette. Aucune notoriété, quasiment pas de vidéos sur le net, tests presque inexistants, discussions absentes sur les forums. Rien, le néant, la caboche à Nabilla (ami lecteur, si tu ne sais pas qui est Nabilla, surtout ne change rien). Pourquoi est-ce fantastique ? Tout d’abord cela me permet de vous faire découvrir un titre totalement nébuleux, à moins que vous ne fassiez partie de la poignée d’élus qui y a joué. Mais vous me ferez le plaisir de ne pas être aussi chiants, n’est-ce pas ? Secundo, cela signifie que Terracon a échappé à l’horrible loi régnante du rétrogaming : celle qui calcule le prix d’un jeu de manière exponentielle à sa notoriété. Zelda 3 sur SNES complet ? 100 euros mon pote. Conker’s Bad Fur Day en loose avec étiquette déchirée sur N64 ? 50 euros, mais c’est bien parce que ton rein me fait vivre depuis 10 ans. Castlevania Vampire Kiss sur SNES sous blister ? … Chais pas, donne-moi 500 euros et laisse-moi coucher avec ta femme, ça paiera déjà les agrafes du livret. Et Terracon alors ? Qui n’en veut du Terracon ? Il est beau, complet, tout neuf, il fleure bon le plastique. Le prix ? Paye-moi un kebab, et il est à toi.
Oui, vous avez bien compris : Terracon a l’avantage d’être un jeu à la portée de toutes les bourses, scrotum compris. Un cas de figure qui nous rappelle que, oui, avant de connaitre le regard scrutateur du cercle privilégié des joueurs de rétro, même des jeux auparavant méconnus comme Hagane ou Tombi 2 coûtaient une misère. Ah, triste monde du rétrogaming… Vais-je oser prendre le risque de parler de Terracon, vais-je risquer de le faire passer à la postérité et craindre ainsi de voir sa cote Ebay rivaliser avec celle des chaussures de scène de Michael Jackson, Hii Hiiiiiii ? Hé bien je serai innocent l’espace de quelques temps. La passion l’emporte. Quand un jeu est bon et que de surcroit personne n’en a vu le quart du premier pixel de l’intro, il convient d’en parler. Le rétrogaming, ce n’est pas que du fric : c’est de la passion. Celle de faire découvrir de jolis titres qui portent autre chose que le label Mario ou Mega Man.
Et croyez-moi, Terracon est l’un de ces jeux. Une pépite. Un diamant. Un chou à la crème. Un plan à trois avec des jumelles. Ou un télescope pour les plus pervers.
Xed, force grise.Allez, on va commencer par poser le contexte en narrant l’histoire. Alors voyons voir, j’ouvre le livret. Ploum ploum ploum… Bon, on nous parle des Gris. Les Gris, ce sont des extraterrestres dont la civilisation précède la nôtre de plusieurs millénaires. Et l’on s’épargnera toute blague raciste, je vous prie. Ahem… Donc ces Gris sont originaires de la planète Pluton. Enfin, l’ex-planète, celle qui a été rétrogradée au rang de pet de baleine flottant dans l’espace. Et ils ont un souci, un gros. Leur planète surpeuplée, les réserves alimentaires et énergétiques viennent à manquer. Il parait même qu’il n’y a pas assez de PS4 pour tout le monde malgré les réservations, quelle horreur ! Les grands manitous décident donc de lancer un projet ambitieux : coloniser les autres planètes du système solaire, désertes et inhabitables. Pour les rendre vivables, ils mettent au point la technique de la terraformation. Ca consiste en gros à créer des tas de choses à partir de rien. Oui, voilà, un peu comme une thérapie psychiatrique, où le Rien (je n’aime pas les choux de Bruxelles) devient le Tout (votre propension à ne pas aimer le chou de Bruxelles renvoie sans doute à une aversion pour le vert, soit pour la nature. De plus on peut supposer une phobie de la Belgique. Couplé avec ce que nous avons dit précédemment, j’en déduis que vous avez eu un trauma dans un camp de naturistes belge. Ca fait 100 euros, merci, et à lundi.). Point névralgique de cette terraformation : la création d’un immense cerveau biocybernétique : Le Terracon. Ah ben paf, ça explique le titre, tiens !
Créé par Doc, un savant du monde des Gris qui n’a rien à voir avec le type coiffé aux pétards qui s’écrie « Nom de d’Zeus », le Terracon permet l’apparition de la vie et de structures habitables sur des planètes qui, à la base, ne sont pas propices à quelque développement que ce soit. De l’herbe, de l’air, des habitations, voire mêmes quelques espèces animales apparaissent peu à peu sur d’immenses terres à l’origine désolées. La clé de cette expansion ? La génergie, une nouvelle forme d’énergie permettant, grosso modo, de « remplir » la structure atomique d’un élément donné. Ouais ouais, je sais, ça sonne compliqué, mais bon… Retenez juste ce concept de génergie, ça sera important pour la suite. Bon, je continue. Pour utiliser et exploiter au mieux cette génergie, des équipes de Gris sont constamment déployées sur les autres planètes du système. Et, coup de chance pour vous impliquer un peu dans l’histoire, vous incarnez l’un de ses membres : Xed. Son nom fleure un peu le relent d’aïoli, mais peut-être que chez les Gris c’est le dernier patronyme à la mode. Un peu comme Greg serait un nom qui claque trop de par chez nous. Un peu l’exact contraire d’un nom comme Nabilla. Nabilla… Le simple fait de porter ce nom vous exclut directement et définitivement du clan des porteurs de QI à trois chiffres.
Xed, c’est un peu le marginal. Il ne fait pas trop confiance au Terracon, il pense que ce « cerveau » a trop de pouvoir sur leur civilisation. Et comme c’est le héros que vous allez incarner, ben les développeurs ont fait en sorte que son avis ne soit pas celui d’un con. Car soudain… surgit… le drame (copyright Pierre Bellemare). Le projet de terraformation étant arrivé à son terme et les planètes étant prêtes pour la colonisation, les responsables décident de « remercier » le Terracon, tout simplement en le débranchant. Grosse erreur que ce manque de reconnaissance puisque le super-cerveau décide tout simplement de se rebeller. Et il ne fait pas les choses à moitié, l’animal. Non content de tuer Doc qui venait douloureusement s’acquitter de la tâche qu’on lui avait confiée, le Terracon détruit la planète des Gris toute entière. Et tout le monde y passe. Tout le monde ? Non. Cet irréductible Gaulois de Xed, vous, enfin pas vraiment vous mais l’autre, là, qui est vous dans le jeu, réussit à s’échapper in extremis à bord d’une navette. Et d’assister, impuissant, à l’extinction pure et simple de son monde, les corps démembrés de ses compatriotes flottant dans l’espace.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais le Terracon est un super-cerveau, je vous l’ai déjà dit. Et donc, avant de faire super-péter la planète, il a quand même eu la super-idée de s’enfuir. Super-pas con. Il prévoit même, mon petit doigt m’a dit, de coloniser à sa manière les planètes qu’il a aidé à terraformer. Comprenez par-là qu’il va y amener robots, installations mécaniques, et autres joyeusetés militaro-industrielles. Ouaip. Sauf que vous (oui, oui, Xed, c’est bien vous suivez) a soif de vengeance. Il ne lâchera pas son ennemi, et le poursuivra ainsi sur les différentes planètes du système solaire. Pour l’aider dans la tâche, pistache, il pourra compter sur Doc, manioc, sauvegardé sous forme d’intelligence artificielle, mirabelle, ce dernier ayant pressenti que le Terracon aurait peut-être quelques « menues difficultés » à accepter son inactivation, champignon.
Un scénario plutôt basique, donc, mais qui a le mérite de poser un background intéressant puisqu’il n’y a pas ici de monde à sauver. Le pet de baleine des Gris n’est plus, Xed est seul. Seul. Totalement largué sur des planètes aux territoires immenses et à la vie quasi absente. Ambiance totale. Et c’est cela qui sera le point fort du jeu. Mais avant d’aborder ce gouleyant aspect, penchons-nous sur le gameplay du jeu. Allez-y, penchez la tête quelques lignes plus bas.
Un peu plus.
Voiiiilàààà.
Vous y…
…êtes.Titre de paragraphe splendide, je sais. On va maintenant parler (enfin JE vais parler, bande de feignasses !) d’un truc un peu plan-plan qu’on doit toujours aborder quand on teste un jeu vidéo. Relevez la tête jusqu’à la fin du paragraphe précédent si vous avez déjà oublié, de toutes façons vous n’allez de pas la garder penchée tout au long de la lecture. Oui, le gameplay. Quoi qu’c’est-y qu’on nous d’mande de faire, et comment qu’c’est-y qu’on tripatouille la manette de nos doigts suants pour faire bouger les trucs à l’écran. Ce genre de choses.
Avant tout, dans quel genre pourrait-on cataloguer Terracon ? Voyons voir… De l’action, beaucoup de tir, une bonne louche de réflexion, de l’exploration… Allez hop, on va dire que c’est de l’aventure-action. Hop, ça c’est fait. De toutes façons, on s’en tamponne la nouille (non, il n’y a pas de contrepèterie cette fois) ; on n’est pas là pour disserter pendant 20 pages de forum sur la classification d’un jeu. Zelda 3 est-il un A-RPG, un jeu d’aventure, un jeu de rôle ? On s’en fout, l’important reste le plaisir de jouer.
Donc j’ai dit qu’il y avait du tir. Oui, poum poum. Mais ça va un peu plus loin qu’un stupide Call of Duty (pléonasme ?). Xed n’a qu’une arme, une sorte de pistolet laser un peu spécial. Non seulement il ressemble à un sèche-cheveux, mais il dispose d’une particularité originale. Vous vous rappelez de la génergie ? Je vous avais bien dit que cela servirait pour plus tard ! La génergie est un concept qui sera central dans le jeu. Tout d’abord, donc, pour le flingue de Xed. Plus notre p’tit Gris en ramassera plus son tir sera puissant, jusqu’à une certaine limite bien sûr. On pourra la récolter de trois manières différentes et somme toute classiques : en détruisant des ennemis, en pulvérisant certaines structures spécifiques, et enfin en la ramassant à même le sol, comme ça, lorsqu’elle traine gratuitement comme une merde lâchée par un clodo dans une rame de métro parisien (histoire réelle vécue par un ami). Il en existe 3 sortes : la rouge, la bleue, et la jaune. Une 4ème, la verte, est présente mais différe des autres puisqu’il s’agit juste de votre vie, et qu’elle n’a aucune influence sur vos tirs. Donc on résume, plus l’on ramasse de génergie, et plus notre flingue fait poum poum de manière efficace. Enfin ptiouuuu ptioouuuu, car c’est un pistolet laser, tudieu ! Avec de jolis effets de lumière ; oui, pour de la Playstation, c’est franchement pas mal, voire même très beau. Allez, j’irai même jusqu’à dire que ça fout sa petite claque. Voir notre pistolet gonflé à bloc tirer de multiples salves rouges, bleues et jaunes qui vont illuminer les alentours, ben c’est tout con mais déjà ça nous montre que Terracon n’est pas bâclé, loin de là. Mais combien de fois a-t-on vu quelque chose de beau être un cache-misère dissimulant un gameplay fastidieux, bancal ou mal fichu ? Point de craintes de ce côté-là. Les affrontements contre les armées mécaniques du Terracon, si elles demandent un petit temps d’adaptation, seront très vite assimilées par le joueur. Dès que l’un de vos tirs touche un ennemi, il est « locké » de manière invisible : toutes vos prochaines salves se dirigeront automatiquement sur lui. Vous pourrez alors vous concentrer sur l’esquive car, bien entendu, ces bio-racailles de l’espace ne vont pas se laisser transpercer le carafon sans émettre une vive protestation. Ce système vous semble un peu facile ? Vous oubliez une chose : nous sommes sur Playstation première du nom. La manette n’est pas vraiment adaptée aux jeux de tir demandant une certaine rapidité et une non moins certaine précision. Lors d’un combat contre de multiples créatures, vous remercierez notre Papa qui est aux cieux pour ne pas avoir à vous dépatouiller entre les gâchettes et les sticks (à supposer que vous avez la Dual Shock… mais j’espère que oui sinon vous allez en baver des litres). Le coup de main à prendre, indispensable pour progresser dans le jeu, sera de bombarder les ennemis de lasers tout en tournoyant autour d’eux, ce qui vous permettra d’éviter la plupart des tirs. Chose quelque peu complexe au début puisque la caméra « tourne » autour de Xed. Comprenez ainsi que vous verrez toujours l’alien de face ou de dos. Une inclinaison du stick à gauche fait « rotationner » Xed en même temps que la caméra, un peu comme Link dans Ocarina of Time. Les gâchettes, elles, font « strafer » le personnage. Pour toi, lecteur rookie, cela signifie que Xed va juste courir sur le côté tout en restant face à l’ennemi. Pour tourner autour des belligérants, il vous faudra donc incliner le stick d’un côté, et appuyer sur la gâchette de la direction opposée. Pas simple à expliquer, hein ? N’ayez crainte, cela devient vite une seconde nature dans le jeu. Et puis les joueurs rétros sont quand même habitués à faire des concessions, non ? On a bien connu les 16 bits en 50Hz, on va pas chialer pour ça ! Sachez également que pour l’aider dans sa tâche, Xed pourra récupérer des petits modules appelés DPS. Dissimulés un peu ça et là, ils lui octroieront certains bonus. Lasers plus rapides, missiles téléguidés, radar, puissance de feu accrue, etc… Il existe aussi une visée en vue subjective : pas très pratique étant donné que les affrontements nécessitent toujours que vous soyez en mouvement, elle a quand même pour elle un truc sympa. Voui, la vision sera quelque peu « déformée » ; comme si la vue de l’extraterrestre n’était pas la même que celle d’un humain. Petite immersion très bien pensée, totalement inutile et donc indispensable. En tout cas, pour faire court, les affrontements pètent bien : ça explose avec fracas, ça illumine avec panache, ça se manie comme il faut, c’est fluide. De la bonne came, quoi. Vous pourrez même faire demi-tour rapidement via une pression sur la touche Cercle, un truc que la série Resident Evil elle-même n’avait pas implanté à l’époque ! Et si l’envie de vous prendre pour un cabri vous étreint, la touche Carré fera sauter le p’tit Xed ; une fonction qui sera parfois utilisée dans certaines phases plate-formesques.
Maintenant, j’ai dit qu’il y avait de l’exploration. Les niveaux sont très vastes et offrent une profondeur de champ très grande, en considérant le support de l’époque bien sûr. L’impression de fouler des territoires grandioses et vierges où la zlok de l’alien n’a jamais posé le blouk est bien là, formidable et prenante. Oui, ça contribue énormément à l’ambiance de fou de ce jeu que je vais bien aborder comme je vous l’ai promis auparavant, patience bon sang ! Donc les niveaux sont vastes, Eustache. Les graphismes ne varient pas énormément mais les différentes zones visitées présentent cependant quelques variations graphiques très bien fichues qui non seulement apportent un peu de diversité, mais qui en plus nous donnent vraiment l’impression de voyager sur différents territoires. Des teintes orangées et quelques palmiers pour les régions chaudes, de la neige et des teintes froides pour les zones… froides (oui, bravo). Quelques villes cubiques agrémenteront parfois vos voyages, tout comme des ruines éparses ou de rares espèces animales égarées. Certaines missions se dérouleront même dans la nuit stellaire ce qui permettra d’apprécier encore plus les somptueux effets de lumière provoqués par la lampe torche de Xed. En somme, si les développeurs ont clairement minimisé les détails superflus pour privilégier cette impression de virginité des territoires explorés, il ne faut pas croire que l’immersion est gâchée par une répétition des décors. Mais qui dit exploration dit quoi ? Exploration vous me répondez ? Bah oui, forcément, mais ça dit aussi « risque de se perdre ». Si si, écoutez, ça sonne presque pareil à l’oreille.
Pour éviter de tourner en rond, en losange ou en parallélépipède rectangle, le jeu est balisé en plusieurs missions que vous devrez remplir dans un ordre précis. Un tutoriel très bien fichu, avec l’IA de Doc en tant que coach, vous familiarisera très vite non seulement avec les commandes, mais aussi avec la manière de progresser dans chaque niveau. Concrètement on vous demandera quelques objectifs typiques comme « aller détruire tel robot qui garde telle structure », ou « récupérer assez de génergie avant de vous rendre au point radar indiqué sur la carte », etc… Et là, vous voyez de quelle manière fluide et tout en douceur (ooohh ouiiii) je vous amène vers la carte du jeu. D’une simple pression sur la touche Select, vous aurez une vue détaillée des environs. Les zones inexplorées resteront dans un épais brouillard, mais tout le reste sera clairement dévoilé. Une vue aérienne vous montrera tout ce que vous voulez savoir. Vous pourrez aussi y lire avec plus de précisions les objectifs que vous devez remplir, avec parfois quelques petites précisions supplémentaires apportées par Doc, qui alimenteront le background du jeu. Vous pourrez aussi faire tourner le repère représentant Xed pour le placer directement dans la direction à laquelle vous voudrez faire face. Non franchement, c’est super pratique, super bien fichu. Combien de cartes trop compliquées ou trop bâclées ont, au contraire de ce qui est leur but, perdu les joueurs sur d’autres jeux ? Oui, Metroid Prime, c’est de toi que je parle !! Et la framboise sur la charlotte dans tout ça ? C’est qu’il n’y aura aucun temps de chargement dans la transition de l’écran de jeu à la carte. Jouissance et réjouissances, les enfants ! In game, une flèche vous indiquera même grosso bucco la direction à suivre pour vous aiguiller un peu vers la prochaine mission, sans pour autant vous mâcher goulûment tout le travail. La touche Triangle vous permettra même de varier entre 3 vues proposées. Et puisque j’ai parlé du tutoriel, sachez que ce dernier ne sera pas envahissant : si au début quelques cinématiques viendront vous exposer la situation, si Doc se fera quelque peu envahissant, le jeu éclipsera bien vite ces scènes au profit du jeu. Pas de blabla pendant 2 heures, pas de « appuie sur la touche X pour sauter » implanté 30 fois en une heure à coups de burin : on est bien dans un jeu rétro qui guide le joueur de la manière la plus juste possible. Une prise de main tout en velours, bien loin des poignées de main de Zangief stéroïdé qu’affectionnent quasiment toutes les productions actuelles.
Bon, et maintenant, n’avez-vous pas repéré une chose bizarre dans ce paragraphe ? Non ? Allez, je vous aide : lorsque je parle des différents objectifs qu’on pourra vous demander… Toujours rien ? Bon, à votre avis, pourquoi vous sommerait-on de ramasser une certaine quantité de génergie avant d’entamer certaines missions, sachant que cette dernière ne semble influer que sur votre puissance de tir ? Et pourquoi, également, existe-t-il plusieurs types de génergies ? C’est bien là que Terracon va tirer son épingle du jeu. Allez hop, prenez vos carnets de notes, on aborde le cœur du gameplay de Terracon !
La génergie, c’est trop gé-gén !Oui, je vous avais dit qu’il y avait de la réflexion dans Terracon. Une bonne louche même. Une jolie petite sauce bien épicée qui rehausse la saveur déjà toute particulière de ce jeu. L’originalité z’avec un grand z’O qui extirpera Terracon des simples jeux de tir en vue à la troisième personne. Ou TPS, pour les acronymophiles.
Quid de cette réflexion, donc ? Comme je vous l’ai expliqué dans le résumé de l’histoire de nos p’tits Gris, la terraformation a pour principe de remplir des structures atomiques grâce à la génergie. Bon, j’imagine que tout le monde ici – et surtout pas moi – n’a pas un doctorat de sciences. On va donc expliquer les choses simplement, entre bon neuneus que nous sommes. Plusieurs structures, dans le jeu, vont apparaitre de manière transparente. Vous ne verrez que leur squelette tout en fil de fer et polygones, comme si on avait déshabillé cette structure 3D de toutes ses textures. Et pour continuer d’avancer dans les missions, vous devrez redonner « vie » à ces structures. Et c’est bien là, oui vous l’avez compris, que la génergie va officier. Selon la couleur du squelette des éléments à reconstruire, vous devrez donc disposer d’une certaine quantité de génergie de la couleur appropriée. Vous croisez un « squelette » de pont rouge ? Vous devrez alors ramasser suffisamment de générgie rouge pour lui donner corps et pouvoir traverser cette étendue d’eau qui vous bloquait. Pour réussir cela, vous devrez simplement mitrailler l’élément qui verra ses polygones se remplir au fur et à mesure de textures pleines. Revers de la médaille : vous débarrasser de générgie pour reconstruire une structure va forcément vider la charge de votre pistolet laser ; ce qui signifie que vous serez alors moins puissant pour affronter les éventuels robots que vous croiserez après coup. Si vous n’avez pas assez de génergie, celle-ci vous reviendra automatiquement, et la structure redeviendra vide. C’est vraiment bien fait, sans grandes (Patrick) fioritures, mais cela suffit pour impressionner assez le plus blasé des joueurs.
Ce concept de devoir trouver de la génergie pour pouvoir progresser sera au centre du gameplay de Terracon. Et la génergie ne sera jamais dispensée au hasard. Vous n’en aurez jamais au p’tit bonheur la chance, tout sera savamment octroyé au joueur. S’il vous manque un peu de génergie pour activer la structure d’un téléporteur, il y a fort à parier que vous aurez oublié un ennemi trainant à quelques foulées de là. Ou bien vous serez passé à côté d’un conteneur à exploser. Ou encore, vous n’aurez pas fait un tour derrière cette petite falaise. Heureusement la carte, très pratique comme je l’ai assez dit, sera là pour vous montrer les possibles zones d’ombre encore inexplorées et vous guider dans vos pérégrinations.
Les missions sur les planètes visitées se découperont donc toujours, peu ou prou, de la même manière : des robots à dérobotiser, des structures à restructurer, de la génergie à ramasser et, le plus important, des « Cartouches de Code Activateur », ou CCA, à débusquer. Pardon ? Ce sont en fait des sortes de grosses capsules orangées qui, scénaristiquement parlant, sont nécessaires pour activer les systèmes d’auto-défense des planètes ; elles viseront alors le Terracon (lors de cinématiques) et le feront fuir jusqu’au prochain astre. Ces CCA sont généralement situées dans des endroits stratégiques, plus ou moins difficiles d’accès (mais souvent plus, en fait). Gardées par des robots, ou bien au sommet d’une falaise inaccessible si vous n’avez pas ramassé assez de génergie pour restructurer un téléporteur, etc… Ces CCA sont suffisamment coriaces à récupérer sans pour autant nécessiter d’être un joueur professionnel : la difficulté et la progression dans chaque niveau sont, là encore, calculées au poil pour donner assez de plaisir sans pour autant que le jeu soit une promenade de santé. Sachez qu’il vous faudra récupérer 9 CCA par planète visitée. Ces dernières sont au nombre de une à trois par niveau. Les 5 planètes visitées sont elles-mêmes composées de 6 à 8 niveaux. Oui, bande de matheux, cela fait environ 35 stages à visiter. Et si quelques uns, très rares, seront des petites épreuves courtes sur une durée de 10 minutes (par exemple, suivre des balises oxygénées dans un temps limité jusqu’à la CCA pour éviter de crever lamentablement), la plupart ont une durée conséquente. Ah vous croyiez vous faire un p’tit niveau, comme ça, pépère peinard ? Oubliez ! Si les premiers stages feront plus ou moins dans la balade de santé (30 minutes au compteur), la plupart vous demanderont de prévoir au minimum une petite heure sur votre planning, avec une sauvegarde qui ne sera possible qu’une fois le niveau torché ! Non seulement les zones sont très vastes mais en plus, surtout dans les niveaux avancés, se donnent le droit d’être aussi coriaces qu’une semelle de chaussure militaire. Toutes vos capacités cognitives pour résoudre les puzzles imaginés par les développeurs, toujours à base de génergie, seront ainsi sollicitées.
Bien assez tôt dans le jeu, en plus de devoir jongler entre les trois types de générgie, vous serez amené à composer avec des nouveaux mécanismes à prendre en compte. Si les premiers niveaux vous feront restructurer des éléments qui resteront définitivement « construits », bientôt vous réaliserez que certaines structures seront instables. Késako ? Cela veut tout simplement dire que vous pourrez déstructurer la structure (oui, je sais, c’est moche. Mais allez expliquer ça, vous !) pour récupérer votre génergie. Je vous laisse alors imaginer les différentes possibilités de puzzles envisageables. Allez hop, je crée un pont rouge et le traverse. Une fois de l’autre côté, je le dématérialise pour récupérer assez de génergie rouge. On me demande en effet d’en avoir une bonne quantité pour aller « structurer » cette pompe à génergie jaune. Laquelle est nécessaire pour activer un téléporteur du côté de la rive d’où je viens. Arg, mais le pont n’a plus de structure, et je n’ai plus de génergie rouge ! Il faut donc que je trouve un moyen de revenir à mon point de départ, sans repasser par le pont, bande de rascals ! Et il y a ce tank qui me gêne, mais ma puissance de feu a trop baissé pour que je puisse le vaincre ! Vous voyez un peu le topo ? Et imaginez encore ceci : des structures nécessitant plusieurs types de génergie pour être reconstruites, des téléporteurs nécessitant de la génergie rouge pour construire le pod de départ et de la jaune pour celui de retour. Ou mieux : des appareils qui transforment une couleur spécifique de génergie en une autre. Et encore plus vilain : des ennemis ou structures à démolir mais qui ne seront sensibles qu’à un seul type de génergie. C’est tout con ce concept, n’est-ce pas ? Bah oui, mais à partir d’un truc tout bête, voilà comment les développeurs ont pu imaginer plusieurs énigmes très bien orchestrées, qui s’implantent parfaitement dans les missions de manière évolutive et apportent la petite touche d’originalité au jeu, sans laquelle ce dernier n’aurait été qu’un vulgaire titre « poum poum pan pan » de plus parmi les autres. Un jeu de tir qui fait appel à vos cellules grises… Hé oui, ce n’est pas de la current gen, ça madame !
N’oublions pas, pour terminer, quelques petites dragées sucrées se dissimulant au fond de ce sac de bonbons déjà bien garni. Chaque niveau aura un certain nombre de secrets à découvrir, lesquels pourront être de toutes sortes : détruire une structure bien dissimulée, ramasser de la génergie verte (de la vie quoi) dans un coin reculé, détruire quelques espèces animales (lesquelles sont très petites en comparaison avec les armées du Terracon) folâtrant béatement sur une petite île… Des trucs que les plus acharnés des joueurs s’amuseront à chercher, même si cela n’apporte rien. Juste la satisfaction, en fin de niveau, de voir quel pourcentage de secrets l’on aura pu dénicher. Vous aurez aussi quelques petites missions qui vous demanderont de piloter une sorte d’hydroglisseur. D’autres vous mettront aux commandes de tanks, ou de tourelles. Un p’tit peu de variété n’a jamais tué personne, du moment qu’on ne parle pas variété française. Oh, et à chaque fin de mission, de retour sur votre navette, la génergie que vous aurez en surplus tout comme les DPS qui n’auront pas été détruits par les tirs ennemis (quoi, je ne vous avais pas dit qu’ils étaient destructibles ? Voilà, hop, tour de magie, c’est fait !) seront convertis en génergie, stockée sur votre vaisseau. Celle-ci vous permettra, avant chaque niveau et si vous le désirez, de créer jusqu’à 4 DPS pour vous aider un chouïa dans votre mission. Enfin, dernier petit point qui mérite d’être noté : une sélection des niveaux très bien foutue. Votre navette survolera les sphères planétaires, quelques rayons lumineux indiquant les points d’atterrissage. Ou de Jupiterissage, selon la planète que vous visitez… Vous aurez même le choix de faire la plupart des niveaux dans l’ordre désiré, généralement par tranches de 3 avant de débloquer les suivants. Le tout sur une somptueuse musique, space et reposante.
Et là, les cocos, on arrête tout de suite de plaisanter. Et on écoute ce que je dis. Sagement, solennellement. Enfilez même vos robes d’enfants de chœur, agenouillez-vous, levez béatement les yeux. N’osez plus parler, n’osez même pas imaginer que vous pourriez envisager l’idée de respirer. Et par pitié, coupez-moi vos portables. Oui, nous allons aborder quelque chose de sacré dans Terracon. Silence. Nous allons parler de la formidable, de la mirifique, de l’exceptionnelle et incommensurablement suprême musique de ce jeu. Un point qui, à lui seul, mériterait 3 paragraphes. L’un pour les superlatifs, l’autre pour les super-superlatifs, et le dernier décrivant à quel point même la masturbation vous apportera un plaisir dérisoire une fois que vos tympans auront folâtré avec les pistes audio de ce jeu. Mais, homme de concession que je suis et parce que je ne veux pas perdre mon lectorat, je ferai dans le classique. Allez zou bande de gougnafiers ! Filez jusqu’au paragraphe suivant.
Une musique qui traverse tout l’univers.Qui est-elle ? D’où vient-elle cette formidable musique des temps nouveaux ? Pour les plus pragmatiques d’entre vous, sachez qu’elle a été composée par l’illustrissime inconnu Jim Croft. Rejeton improbable d’une liaison cachée entre un ver de terre en combi spatiale et une aventurière aux seins pointus ? (Remarquez, vu la gueule de la donzelle (dans ses premières apparitions du moins), on comprend mieux pourquoi elle n’aurait pas pu se trouver mieux qu’un lombric…). On pourrait presque se le demander puisqu’il est, à l’heure actuelle, quasi impossible de trouver des infos sur le compositeur de la bande-son de Terracon. Pratiquement inconnu dans le milieu des jeux vidéo, l’homme, originaire du Royaume-Uni, fut pourtant directeur de Voodoo Sound ; une boîte, semble-t-il, spécialisée dans la production de bon son. Il fut également producteur/compositeur chez Media Bank Studios, chef du département audio chez Charybdis Ltd, ingénieur en chef du son chez Eurocom Entertainment Software (je crois que ça veut dire ça Lead Sound Designer, non ?). Et, aux dernières nouvelles, il est chef du département audio chez Frontier Developments. Blabla, on s’en fout ? Peut-être, peut-être pas, sais pas. Disons simplement que cela montre que le bonhomme connait son affaire quand il s’agit de musique. C’est un truc dans lequel il baigne depuis un p’tit moment, et il n’a donc rien à envier aux compositeurs japonais trop souvent adulés dans le microcosme des jeux vidéo. Quand on voit que certains sont capables de se tremper la nouille pendant 10 pages de forum sur la dernière bande-son de Motoi Sakuraba, je voulais rendre rapidement honneur au talent d’un homme qui sera resté (et restera, soyons lucides) dans l’ombre. Il faut dire, hélas, que Jim Croft n’a pas eu la chance de participer à des jeux vidéo de grande qualité ou notoriété : Harry Potter Kinect, Alfred Chicken, Zoo Tycoon… Tout le monde n’a pas la chance d’être sous les projecteurs grâce à de bons jeux comme Donkey Kong Country, Final Fantasy 6, ou les Castlevania. C’est triste, c’est la vie, alea jacta est et toutes ces sortes de choses... Le mieux que je puisse faire est encore de vous intéresser, dans le cas qui nous intéresse ici, à la bande-son de Terracon.
Bon, comment vais-je m’y prendre ? Il est toujours difficile de décrire, par l’écriture, quelque chose de purement auditif. Ben ouais, mais comme on n’a pas vraiment le choix, j’espère que vous ne m’en voudrez pas. En annexes du test et parce que je suis à la générosité ce que l’huile est à la sardine et aux frigides, je me permettrai quand même de poster les youtoubesques vidéos de quelques unes des pistes audio de ce jeu, histoire que tout le monde se fasse son propre avis. En espérant qu’on ne me dise pas bassement que mes goûts fleurent bon l’aisselle de castor. Je pourrais donc m’arrêter là et vous renvoyer directement à ces annexes. Mais projetons-nous dans le futur. Imaginons jusqu’à l’improbable : Youtube aura décidé de censurer, de supprimer, d’annihiler toutes les vidéos présentes sur leur site qui osent violer les droits d’auteur. Damnation, mes annexes se retrouvent d’un coup toutes vides, marquées au fer rouge du petit smiley triste et réprobateur du célèbre site de partage ! Il me faut donc prendre toutes les précautions du monde pour, de quelque manière que ce soit, convaincre le monde de l’insondable qualité de la bande-son de Terracon. Et quand bien même je me fourvoierais à penser que les vidéos sur des jeux ne rapportant pas de fric sont autant surveillées que celles sur des titres qui, par le plus grand des hasards, se retrouvent sur les PS Store et autres E-Shop, tant pis : la bande-son de Terracon mérite vraiment qu’on en parle, cause, disserte, jacte, blablate. Tout ce que vous voulez.
Au cas où vous auriez lu le test en même temps que vous vous faisiez cuire un steak, je vous rappelle que l’aventure se déroule dans l’espace. Plus précisément, sur de vastes régions quasi inexplorées. Les terres que foulent l’ami Xed ont cette puissance crue d’une nature vierge de presque toute civilisation, les quelques structures amenées par la terraformation mises à part. C’est beau, c’est immense, c’est le Grand Canyon en culotte de velours. A partir de là, vous comprenez bien que le jeu trouve déjà son ambiance propre. Oui, l’ambiance. Voilà j’y viens, je vous l’avais promis. Et pour mieux vous l’illustrer, j’aimerais que vous alliez chercher dans les tortueux méandres de vos esprits grillés par tant d’heures devant les consoles une saga populaire de jeux vidéo se déroulant dans l’espace. Avec une jolie nana bien en forme, vous ne voyez pas ? Mais non, pas Starfox ! Qu’est-ce que vient foutre Krystal là-dedans ? Toi, l’amateur de furry, tu dégages ! Bon, coupons court au suspense avant que la conversation ne dérive sur Marianne dans Robin des Bois de Walt Disney, ou Berri dans Conker’s Bad Fur Day… Aaaah, Berri… Son p’tit short rose, sa danse en cage dans la boîte du Rock Solid… Bon, oui, donc l’autre saga du jeu vidéo. Je veux bien entendu parler de Metroid, avec la blonde Samus qui, sous son armure de Transformer, cache un joli p’tit corps en combi moulante bleue. L’un des points souvent évoqué par les fans de la saga pour expliquer la qualité des jeux estampillés Metroid est l’impression de solitude, la sensation d’être perdu et livré à soi-même sur des planètes inconnues. La bande-son de chaque épisode, dès lors, n’est pas en reste pour exacerber cette angoisse. Le sentiment qui se dégage dans les Metroid est alors souvent qualifié de claustrophobique ; parcourir les étroits couloirs d’une planète comme Zebes, avec moult créatures organiques hideuses et difformes pour seule compagnie, ça vous forge un homme. Même si on contrôle une femme, mais baste. La musique joue alors dans les notes sombres, bizarroïdes, inquiétantes même. Et ça fonctionne, et l’on est content : on se sent seul, perdu dans l’espace, là où personne ne nous entend crier. Mais la solitude dans l’espace, cela peut s’illustrer de deux manières différentes. Soit, comme avec Metroid, on joue à fond sur l’oppression pesante d’un état de fait qui nous sert à la gorge. Soit, et c’est là le choix de Terracon, on préfère accentuer l’aspect poétique de l’homme (enfin, de l’alien…) face à l’immensité d’un univers qu’il découvre. Vous vous rappelez la jaquette du jeu Another World, avec le héros faisant face à l’ampleur de l’inconnu ? Ou bien le périple d’Ico, misérable fourmi déambulant parmi les immenses citadelles de la forteresse ? Ou encore Xenoblade Chronicles avec nos héros qui arrivent sur la gigantesque plaine de Bionis ? Terracon, c’est un peu ça. Et la musique, comme les paysages que l’on découvre, nous happe. Comme pour nous inviter à nous perdre, le baume au cœur, dans ces régions inconnues. Sur ces TERRA inCONgnita. Vous avez vu si c’est pas malin, ça ?
Comment. Oui, comment décrire la musique de Terracon ? Les pistes, par les sons employés, pourront peut-être faire penser, d’assez loin cependant, à du Jean-Michel Jarre. Mais en plus mélodieux, moins expérimental, et plus orchestral. Elles retranscrivent à merveille l’ambiance sidérale du titre grâce à des sons électroniques, quelques menues touches techno, et de jolies envolées synthétiques. Attention hein ! Ce n’est ni de la musique techno, ni de la musique de robot. Non, la grande force de la bande-son de Terracon est d’avoir une identité propre, que je n’ai jamais retrouvée ailleurs. Que cela soit dans le monde du jeu vidéo, des films, ou de la musique de grande distribution. Elle réussira même le tour de force d’être inquiétante et un peu plus rythmée lors de certains niveaux, mais tout en gardant cette touche magique et grandiose, cette griffe sonore qui vous poussera à plonger un peu plus dans l’ambiance de ces virginales planètes.
Un p’tit Gris et tu souris.Vous l’aurez compris. Vous n’êtes pas idiot, j’espère ? On joue à Terracon pour plusieurs raisons. Pour son gameplay très bien fichu, d’abord, qui manie avec un équilibre de contorsionniste chinois à la fois l’exploration, la réflexion, et l’action. Pour sa technique aussi qui, pour peu qu’un Crysis 3 sur le dernier pc de la NASA n’ait pas perverti votre âme critique, réussira à vous éblouir par ses graphismes 3D impressionnants compte tenu du support, et par la grande rapidité des déplacements et de l’action. Mais surtout, oui, surtout pour son ambiance. Pour son « petit quelque chose » que seuls les plus grands jeux réussissent à avoir, pour ce sentiment qui nous fait dire que, merde, le jeu a été fait avec amour (et un peu de fric aussi, j’en conviens). Même les plus imparfaits des titres réussissent à nous marquer lorsqu’on ressent que les développeurs ont aimé leur rejeton, lorsqu’ils ont voulu lui donner une identité.
Alors pourquoi ce jeu n’a-t-il pas marché ? Pourquoi personne ou presque ne le connait, pourquoi Xed s’est perdu à jamais dans les profondeurs cosmiques de l’univers des jeux oubliés ? Il n’est pas bien difficile de comprendre ce phénomène. Le design du personnage, déjà, un peu trop générique. Dans un souci de vraisemblance, les concepteurs ont choisi de faire de Xed et ses comparses des copies conformes des extraterrestres « roswelliens », bien connus des fans de X Files. Ensuite, le jeu a été critiqué pour la répétitivité de ses missions. Bon, allez, je veux bien que le jeu puisse avoir cette petite tare mais, quand la recette fonctionne, est-ce un mal ? Quand vous allez au restau Chez Léon, vous prenez trois plâtrées de moules et vous ne vous plaignez pas de l’absence de ratatouille dans le menu, bon sang ! Certains ont aussi pesté contre la longueur trop importante des missions… Allez, gageons que si chacune d’elles avait duré 15 minutes, les mêmes se seraient plaint de leur brièveté… Mais, comme je l’ai sous-entendu il y a fort longtemps au début de ce pamphlet, ce qui a réellement perdu Terracon fut de sortir en fin de vie de la console, seulement dans la zone européenne, sans publicité aucune, affublé d’une jaquette toute moche, alors que tous les zizis tendus se détournaient déjà des 32 et 64 bits pour rêver de fornication avec la Playstation 2 et la Dreamcast. Suicide total. Dernier petit uppercut dans la poire du jeu : un développeur totalement inconnu. Picture House, vous connaissez ? Avouez qu’à l’époque, ça vous claquait moins aux oreilles que le dernier titre développé par Squaresoft, aussi obscur ce dernier aurait pu être.
Et pourtant, en ce morne jour d’année 2000, il aura suffit d’une année presque complète dans la morosité d’un bagne où l’on vous vêtait de blanc pour que le destin me dirige vers ce petit diamant de la Playstation. Alors oui, un problème se pose : peut-être suis-je subjectif en diable à propos de ce jeu. Peut-être fut-il le remède bienheureux à une période personnelle qui me fit trouver plus d’une centaine de nuances à la couleur grise. Peut-être qu’effectivement certains trouveront le jeu répétitif, la technique dépassée, la musique à chier. Que ces dubitatifs sachent pourtant que j’ai relancé le jeu pour me rafraichir la mémoire, rien que pour les besoins du test (on est fumiste ou on ne l’est pas). « Juste 4-5 niveaux, histoire de me rappeler un peu le jeu », me disais-je innocemment… Une vingtaine d’heures plus tard, c’est les yeux brillants, le sourire aux lèvres et les oreilles enjouées que je terminais à nouveau Terracon. Les papilles hystériques aussi, mais le paquet de Pépitos que j’ai étripé ne rentre pas dans l’équation. J’ai donc parcouru à nouveau l’intégralité du jeu ; sans m’être ennuyé un seul instant, sans avoir trouvé que le titre avait mal vieilli, en ayant presque sauté les câlins avec ma douce et tendre. Donc oui, j’adore ce jeu. Je l’aime d’amour, même. Et à supposer que certains ne l’apprécient pas, je continuerai de le défendre bec et ongles, griffes et crocs. La sanctifiée règle de « l’objectivité », sans cesse et sans cesse renâclée pour les tests de jeux vidéo, peut-être y aurai-je droit. Mais il me faut bien prendre parti, et me ficher du reste. Terracon trône toujours sur mon étagère de jeux Playstation, fier et inébranlable, entre les Oddworld, Medievil, Final Fantasy 7 et autres Crash Bandicoot. Des titres à la notoriété et à la qualité indiscutables. Et Terracon est là, et j’y ai joué, et j’y rejouerai certainement. Et ma plus grande joie serait maintenant de faire connaitre ce jeu. Pas au plus grand nombre, non. Car Terracon est un jeu qui se savoure. Seul le véritable fan de rétrogaming en goûtera toutes les saveurs. Celui qui ne se prend pas 30 jeux PS1 dans un bac à Easy Cash pour en essayer vite fait le quart de la moitié et refourguer le reste sur Ebay. Celui qui ne regardera pas d’un dédain prononcé la jaquette en se disant « Ce jeu c’est de la merde, je le range ». Celui qui ne le réclamera pas gratuitement à 6h du mat sur une brocante, parce qu’il prend Symphony of Night complet à 15 euros et que « C’est cher payé pour un vieux jeu ».
Non, Terracon mérite un peu plus que ce public. Dénicher cette perle, c’est un peu comme trouver un vinyle de Led Zeppelin dans le grenier des grands-parents, suffoquant douloureusement entre une pile de disques estampillés Johnny Hallyday et de K7 d’Annie Cordy. Une friandise inattendue, une saveur impromptue. On la déguste, on ne la consomme pas. Donc filez-moi m’essayer cette pépite. Sortez votre billet de 5 euros, 10 si vous avez des frais de port. Soulevez à nouveau le grinçant capot de votre console grise (mais non Régis, y’a pas de lecteur CD sur la SNES… Qu’il est con ce Régis…). Glissez-y ce beau CD à couche noire. Et jouez, jouez, jouez comme il se doit à Terracon. Après avoir été oublié pendant tant d’années, il mérite bien ça. Allez, soyons même intelligents un petit moment : bite, pizza, fuck, Mario, sexe, football, xxx, PS4, lesbian, recette de crêpes, bitch, comment maigrir, porno, soldes. Voilà. Un peu d’aide de la part des moteurs de recherche pour que le jeu se fasse connaitre, ça ne mange pas de pain.
Et pour les plus fainéants :
GRAPHISMES : 4/5
GAMEPLAY : 4/5
BANDE SON : 5/5
DUREE DE VIE : 3,5/5
NOTE PERSONNELLE : 18/20Hop. Emballé, c’est pesé !
Oh, et pour la petite histoire… Les infirmières nues sous leur blouse, j’ai appris que ce n’est qu’une légende. Vraiment, l’année 2000… Quelle année de merde…
El Gregou, survivant de la « terre à connes »