“ Osu ! Ora Gokû ! Iccho yatte mikka ! ” ( “ Salut ! C’est moi Goku ! Viens te battre ! “ ), ainsi commence ce Super Butôden, première adaptation vidéoludique de Dragon Ball Z sur Super Nintendo. Une sortie providentielle de la part de Bandai, fin de l’année 1993, quand la série diffusée au Club Dorothée cartonnait auprès de la jeunesse, tout juste alors entrée dans la saga Cell (m’est avis la meilleure partie). Un phénomène juvénile donnant lieu à des kamehamehas improvisés dans les cours de récrés, qui n'eut pas besoin d’une grosse campagne marketing pour que ce jeu de combat caracole en tête des listes du père noël. Moi même je l’avais commandé et m'impatientais d’avoir cette précieuse cartouche après y avoir joué chez un coupaing (coucou Loïc). 25 ans plus tard, entre deux corvées de ménages (merci ma Chichi), test sur Pixel Up du tout premier jeu DBZ paru en France !
On commence par une brève introduction en français relatant l’affrontement entre Gokû et le démon Piccolo (père de Piccolo, Petit Coeur chez nous). L’occasion d’entrer l’un des cheats le plus bidon de l’histoire du jeu vidéo, il suffit simplement d’appuyer sur tous les boutons et d’effectuer des cercles avec la croix. De nouveaux personnages seront alors disponibles, dont sans doute les plus alléchants, à savoir Perfect Cell et les super guerriers (Gokû, Vegeta, Gohan et Trunks). Un casting de rêve lorsqu’il est complet, où seront exclus des figurants tels que Krilin, Tenshinhan Ann ou Yamcha (pas une grosse perte). On retrouve des figures marquantes comme cette crapule de Freezer, l’écolo C-16, la pimbêche C18, C-20 (alias Dr. Gero) ou l’hideux Cell dans sa première forme. De quoi faire si l’on ajoute les saiyans et Piccolo dans ce jeu de combat disons le original.
Souvent critiqué, on peut tout de même lui accorder que l'écran scindé en deux offrant la possibilité d'exécuter de puissantes vagues d’énergie en l’air ou au sol était atypique. Vu d’aujourd’hui si l’on passe le fait qu’esthétiquement il est douteux (il l’était déjà à sa sortie), le concept est original en comparaison des jeux de bastons du type Street Fighter 2, et intelligemment adapté aux bagarres surhumaines de Dragon Ball Z. Le terrain est suffisamment grand (excepté le tournoi et la salle de l’esprit et du temps) pour ne pas se marcher dessus (un radar aide à se situer) et propice aux salves de vagues déferlantes même si les techniques “traditionnelles” de poings et pieds font rapidement plus de dégâts aux corps à corps. Des techniques aux manips peu courantes : diagonale bas gauche, diagonale haut droite ou avant, arrière, avant.
Mais bien entendu la chose première qu’on attend d’un DBZ, c’est de s’adonner aux joies des kamehamehas, makankosappo, masenko ou autre final flash. Pour cela il faut avoir un niveau minimum requis dans la barre de force (entendez du ki) pour exécuter ces super attaques. Soit dit en passant, en adoptant la pose dite constipée, la force se recharge plus vite en pressant la flèche bas (seulement dans les airs). Chaque personnage a ses propres super attaques, bien qu’il y ait des doublons pour quelques un, comme Vegeta et Goku dans leurs formes normales et super saiyan. Cependant ce dernier peut réaliser un genkidama en normal et pas en super saiyan, ce qui est fidèle au dessin animé. Les développeurs connaissent leurs sujets, et ont respecté au mieux l’oeuvre d'Akira Toriyama. Ce qui n’est pas le cas de nos chers amis traducteurs, dont le travail amateur ne rend pas hommage au manga.
J’en veux pour preuve dans le mode histoire, à l’écran de sélection des personnages, cette traduction bancale : “ Choisis ton adversaire ! ”. Les noms ne sont pas épargnés non plus : “ Goku et ses compagnons partent à la recherche du Dragon Ball, à Nametta… “, et Petit coeur se fait appeler “Satan”. C’est cool, on s’amuse à chercher les intrus dans les textes, deux jeux pour le prix d’un. Blague à part, on sent bien que les traducteurs n’avaient pas d’enfants dans leurs entourages. Des erreurs pas réellement préjudiciables à sa sortie mais qui feraient sacrément tâches en 2019. Pour en revenir à ce mode histoire, louable car pas extraordinaire, la vrai fin s’obtient en reproduisant un schéma bien défini dans le choix des combattants, seul les fans sauront qui doit affronter qui, et ce du tournoi (Tenkaishi Budokai) opposant Gokû à Piccolo, jusqu’à celui organisé par Cell.
Deux autres modes sont disponibles, Championnat et Combat. Dans le premier, le joueur peut affronter huit participants tandis que l’autre, plus classique, offre un simple match contre l’ordi ou un deuxième joueur. A Chacunes de ces rencontres, s’affichent des punchlines insipides dignes de la maternelle, une bonne idée si les répliques avaient été personnalisées et feraient montre d’un lien entre les personnages, or voilà par exemple ce à quoi nous avons droit : (de Gohan à son père Gokû) “ Je vais m’occuper de toi ! ”, ou bien à la fin après avoir gagné : “ Je tenterai d’être comme père ”. Le pauvre a dû sévèrement se faire taper par son daron pour ne plus le reconnaître ou alors c’est juste que le respect se perd… Mieux vaut avoir un brin d’imagination et s’amuser à faire soi même ses dialogues ringards d’une voix nasillarde. Et ouais mec, t’es pas le seul à savoir imiter Vegeta.
A propos d’imitation, les digits vocaux sont ceux des doubleurs nippons, pour avoir suivi la série en VO, ils sont facilement reconnaissables. Dommage que les musiques n’aient pas subi le même traitement, certainement pour des questions de droit. Celles à la place, sont plutôt correctes avec quelques unes vraiment plaisantes à l’instar du thème principal, celui de Vegeta ou C-16. Pas de quoi se taper le cul par terre mais c’est un des rares bon point du jeu avec les bruitages alors autant les mentionner. A l’inverse, les graphismes font rougir de honte la Super Nintendo, sans être totalement laids, on exige mieux sur une telle machine. Les sprites sont grossiers et très peu animé (ne parlons pas des décors) mais comme on dit l’amour rend aveugle, pour le fan que j’étais, je me contentais de peu, mouillant mon slip lorsque les saiyans se transformaient et que la terre en tremblait.
Pour un premier jeu Dragon Ball Z sur consoles (chez nous est il besoin de le rappeler), l’essai n’est pas concluant, bien que le système de combat innove notamment pour son écran splitté, graphiquement à moins d’être fan, il repousse plus qu’il n’attire. Seules les vagues d’énergie amuseront pendant un temps car il est possible de les bloquer, esquiver, éliminer, renvoyer ou carrément absorber si l’on joue avec le DR. Gero (en pressant haut + A). Un gameplay original entaché cependant par une lourdeur d'exécution de ces attaques et des combats qui manquent de patates là où l’animé dépote à la Télé. Pas le meilleur de Bandai mais loin d’être le pire (souvenez vous du Dragon Ball Nes), on leur filerai bien un senzu pour se remettre en selle et nous pondre quelque chose de plus saillant (huhu). Qui sait ? J’ai l’intuition que le meilleur est à venir...
En résumé :
Dragon Ball Z Super Butôden est un jeu à réserver uniquement aux fans. Les combats manquent de dynamismes et passé l’amusement d'exécuter des kamehameha à tout bout de champ, l’ennuie finit par se pointer, d’autant plus en solo où le mode histoire s’avère aussi léger qu’un nuage magique. En somme, un premier essai peu convaincant sur Super Nintendo.